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BORDER LINE

Projetant de démarrer une nouvelle vie aux États-Unis, Diego et Elena quittent Barcelone pour New-York. Mais à leur arrivée à l’aéroport, la Police des Frontières les interpelle pour les soumettre à un interrogatoire. D’abord anodines, les questions des agents se font de plus en plus intimidantes. Diego et Elena sont alors gagnés par le sentiment qu’un piège se referme sur eux…

Critique du film

Se construire une nouvelle vie, suivre ses aspirations et s’offrir un peu d’espoir d’une vie meilleure. Voilà ce qui pousse ce couple, formé d’un Vénézuélien et d’une Espagnole, à sauter le pas et poursuivre leur rêve américain. Mais à peine ont-ils foulé le sol américain que la machine de contrôle est lancée. Premier guichet. Première prise d’informations. Contrôle des passeports, photographie spontanée et prise d’empreintes. Entrer sur le territoire américain n’est pas une mince affaire, même s’il n’est pas ici question de mur à la frontière mexicaine et d’immigrés clandestins dans la plus grande démunition. Elena est espagnole, professeure de danse lambda et elle n’appréhendait pas ce checkpoint de la même manière de son compagnon, vénézuélien, qui semblait déjà agité avant même de quitter l’avion.

Pour tout européen, de telles mesures paraissent disproportionnés. Très vite de nouvelles questions. Il ne suffit plus d’avoir un motif, ni de montrer patte blanche. Il est désormais question de solvabilité, d’état de santé, et bientôt même de dévoiler des éléments personnels et intimes. Qu’est-ce qui justifie ce traitement, que l’on réserverait d’ordinaire à des criminels ? Voilà la question qui hante la trentenaire autant que le spectateur. Venir s’installer dans un pays devrait-il nécessiter un tel déballage de sa vie personnelle ?

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Pris au piège

De son côté, Diego est plus fébrile. A-t-il quelque chose à cacher ou connaissait-il déjà les difficultés que représentaient une installation sur le sol étasunien ? Alors que différents interlocuteurs se succèdent, fouillant davantage dans leur vie et leurs effets personnels, les premiers signes de délitement apparaissent et le doute s’insinue entre Diego et Elena. Son partenaire a-t-il été complètement honnête sur ses intentions ? Leur vie semble voler en éclats sous nos yeux ébahis, alors que l’enquêtrice et son nouveau collègue poussent encore plus loin leurs investigations pernicieuses et invraisemblablement légales.

Façonnant leur drame social comme un thriller en huis-clos, Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vásquez réussissent le tour de force de tenir le spectateur en haleine une heure dix-sept durant grâce à une mise en scène sans artifices et des dialogues ciselés, portés par des comédiens inspirés. Comme ses protagonistes, on traverse le film troublé, puis contrarié et progressivement outré dans cet environnement anxiogène, et finalement éreinté à l’issue de cette interminable interrogatoire alors que le couperet tombe enfin, lorsqu’on ne s’y attend plus. La fin justifie-t-elle les moyens ? Border line soulève de nombreuses questions et met en lumière le parcours du combattant et les innombrables dommages collatéraux occasionnés par cette politique protectionniste qui tiendrait plus de la paranoïa et de la xénophobie.

Bande-annonce

1er mai 2024 – D’Alejandro RojasJuan Sebastián Vásquez, avec Alberto AmmannBruna Cusí


Premiers Plans – Grand Prix




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