film du mois_Sept22

BILAN | Les meilleurs films du mois de septembre 2022

CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS DE SEPTEMBRE 2022.

Le choix de Thomas Périllon

PLAN 75 de Chie Hayakawa

Choisir le moment de sa mort, comme l’a assumé Jean-Luc Godard ce mois-ci, n’est pas véritablement un luxe pour privilégiés dans le Japon que décrit Chie Hayakawa dans son premier long-métrage, qui ne manque pas de mettre en lumière une réalité bien concrète : le Soleil Levant possède depuis des années la population la plus âgée au monde. Présenté dans la section Un Certain Regard du festival de Cannes 2022 où il a été récompensé, Plan 75 porte un regard sombre et terrifiant sur un avenir pas si lointain et, malheureusement, pas forcément improbable, qui resserre progressivement son étau autour du coeur jusqu’à sa sublime (et, enfin, lumineuse) dernière scène. Un premier geste cinématographique saisissant qui révèle une nouvelle cinéaste nippone.

Le choix de Florent Boutet

SANS FILTRE de Ruben Östlund

Passe de deux pour le réalisateur de The Square qui obtient sa deuxième palme d’or en deux films, et confirme tout son talent comique. Si Sans filtre a des limites, surtout dans son dernier acte un peu bâclé, il est un sommet de comédie, notamment dans ce long segment sur le bateau de croisière. Östlund réussit à créer le moment le plus hilarant de cette année de cinéma, autour du placide Woody Harrelson, merveilleux capitaine alcoolique et communiste qui philosophe en pleine débâcle sur un mode guignolesque savoureux. Sans filtre est aussi l’occasion de rire tous et toutes ensemble le temps d’une séance, rappelant la puissance de l’expérience collective et un certain amour du partage d’émotions.

Le choix de Fabien Randanne

revoir paris

REVOIR PARIS d’Alice Winocour

Près de sept ans après les faits, le 13-novembre reste une blessure profonde et loin d’être cicatrisée dans l’âme de la capitale. Même si Revoir Paris ne traite pas explicitement de ces attentats, impossible de les sortir de notre esprit en regardant ce film qui révèle peu à peu son identité chorale. Salutaire idée que d’avoir inclus différents profils, parcours et vécus pour souligner que les traumatismes sont multiples et propres à chaque individu. Il en faudrait peu pour que le film bascule dans le mauvais goût ou le sensationnalisme, mais l’écueil est évité, le scénario progresse sur un fil et la funambule se nomme Virginie Efira. Son jeu tout en retenue, l’actrice habite son personnage, donnant l’impression qu’elle pourrait flancher à tout moment. On ressort de la salle encore émus, transportés par l’humanité dont Revoir Paris ne s’éloigne jamais.

Le choix de Lena Haque

Les cinq diables

LES CINQ DIABLES de Léa Mysius

Cinq ans après Ava, son lumineux premier film, Léa Mysius signe son grand retour au cinéma avec Les cinq diables et confirme ce que l’on pressentait déjà : un regard unique et brûlant a émergé et balayera tout sur son passage. Explorant les thèmes de l’amour filial, du destin et du désir, la réalisatrice déroule le fil d’un récit à hauteur d’enfant, plein de magie et de mystère, dont l’intensité ne peut laisser indemne. Au milieu des flammes, Adèle Exarchopoulos se dresse, féroce et déchirante, et, le temps d’une total eclipse of the heart, ensorcelle une fois de plus.

Le choix de François-Xavier Thuaud

JEUNESSE EN SURSIS de Kateryna Gornostai

Sur la fin de l’adolescence, ce moment de bascule et de fragilité, la jeune réalisatrice ukrainienne pose un regard sensible et chaleureux. Jeunesse en sursis saisit particulièrement bien le paradoxe d’un immense champ des possibles et la crainte de quitter l’enfance alors que Masha et ses camarades ne sont encore qu’incertitude. Un sujet classique auquel Kateryna Gornostai applique une forme très originale, brouillant les pistes entre fiction et réalité, entre naturalisme et onirisme. L’actualité donne une résonance toute particulière à ce film tourné avant l’invasion du pays par les troupes russes, drame qui a plongé cette jeunesse dans un tout autre péril que celui de devenir adulte. Le film le plus attachant du mois.

Le choix d’Antoine Rousseau

LES ENFANTS DES AUTRES de Rebecca Zlotowski

Rares sont les films qui vous transpercent le cœur avec un sujet initialement à mille lieux de vos préoccupations. Les enfants des autres est de ceux-là. Avec une délicatesse infinie, Rebecca Zlotowski parvient à rendre universel le destin d’une femme d’aujourd’hui face au temps qui passe et les choix qui y sont liés. Loin du pathos vers lequel semblait lorgner son sujet, la réalisatrice insuffle à son mélodrame une profondeur insoupçonnée, rendant ses questionnements sur la parentalité tout simplement déchirants. Le tout porté par une Virginie Efira au sommet ; la caméra braquée sur son visage justifiant à elle seule l’achat d’un ticket de cinéma.

Le choix d’Augustin Pietron

LES CINQ DIABLES de Léa Mysius

Léa Mysius orchestre un récit atypique, qui oppose le surnaturel – l’odorat de cette gamine est décidément surdéveloppé – aux vécus des protagonistes. Se construire, le regard de l’autre, la rumeur, etc : plus rien n’est évident lorsque la réalité est légèrement diffractée. Un film écrit différemment, filmé ailleurs – à Bourg d’Oisans, de l’autre côté des Alpes qui faisaient déjà le succès de La Nuit du 12. Au fond du cadre, les montagnes encerclent, suffoquent. Il s’agit d’apprendre à respirer.

Le choix d’Eric Fontaine

IL ÉTAIT UNE FOIS PALILULA de Silviu Purcarete

Croisement entre les cinémas d’Emir Kusturica et de Federico Fellini, Objet Filmique Non Identifié déniché par ED Distribution, grand spécialiste de ce type de découverte, Il était une fois Palilula mêle noirceur et dérision, rêve et réalité. Silviu Purcarete, figure du théâtre roumain, réalisait il y a près de dix ans ce film mystérieusement resté inédit en France jusqu’à aujourd’hui. Toujours un grand plaisir de voir un film avec une vraie patte, où les influences diverses n’empêchent pas une véritable singularité. 

Le choix d’Emilien Peillon

CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE d’Emmanuel Mouret

Une nouvelle fois, un film d’Emmanuel Mouret se révèle d’une qualité inversement proportionnelle à celle de sa bande-annonce, totalement calamiteuse. Peut-être le signe que ce qu’il développe cinématographiquement ne peut se comprendre que dans une forme longue, lorsque le contexte aura donné aux mots tout leur poids dramatique, ou dégagé leur potentiel humoristique. C’est que, lorsqu’on va voir un Mouret, on s’attend toujours à retrouver un peu la même chose, cette petite bulle légère sur le désir et les relations humaines, et on finit toujours renversé par le même constat : non, vraiment, aucune de ses histoires ne ressemble aux autres, parce que dans la myriade de gestes, de situations et de mots de l’intime, on reconnait un peu la personne qu’on était hier, et on découvre celle qu’on sera peut-être demain. S’il fallait – encore – démontrer le talent du cinéaste aux dernières personnes qui ne sont pas dans le secret, il suffirait de considérer à quel point les trois interprètes du film (Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne et la révélation Georgia Scalliet) sont beaux. Beaux physiquement mais aussi dans leur manière d’être, dans leur maladresse, leur assurance ou leur embarras poli.

Le choix de Victor Van De Kadsye

Les enfants des autres

Qui a dit que le mélodrame français était mort ? Rebecca Zlotowski prouve le contraire avec un film délicat mais pourtant riche en nuances sur la notion de maternité. Bien que cette histoire soit traitée avec une légèreté que ne renierait pas Emmanuel Mouret (autre concurrent de taille pour le film de ce mois avec son très réussi Chronique d’une liaison passagère), la mélancolie qui plane tout le long désarme le spectateur et donne à Virginie Efira l’un de ses plus beaux rôles.

Le choix de Pierre Nicolas

Fire of love

FIRE OF LOVE de Sara Dosen

Outre le bouleversant mélodrame de Rebecca Zlotowski, le mois de septembre est marqué par la sortie en salle – bien trop timide – de l’immense Fire of Love. Un documentaire merveilleux, dans lequel Sara Dosen revient sur la vie de Katia et Maurice Krafft, couple malicieux de vulcanologues, où l’amour absolu qu’ils se portent est nourri par la puissance des entrailles de la Terre. Un geste romantique incandescent.

Le choix de Jean-Christophe Manuceau

Triangle of sadness

SANS FILTRE de Ruben Östlund

Avec Sans filtre, le Suédois Ruben Östlund poursuit son exploration de la psyché humaine et des travers de notre société. Adoptant un ton proche de la farce, il prend pour cible ici, après le monde de l’art contemporain dans The Square, celui des top models et des yachts de luxe. Avec férocité et une bonne dose de folie, il malmène ses personnages dans une descente aux enfers sur fond de lutte des classes parsemée de citations du grand Noam Chomsky, de Lénine et autres. Östlund montre à quel point la notion de justice sociale ne va pas de soi et peut conduire à des résultats contre-productifs. Un film réjouissant, drôle et terriblement provocant, qui fait réfléchir, et qui interroge une nouvelle fois le thème central de l’œuvre du Suédois : comment vivre ensemble sans sombrer dans le chaos ?

Le choix de Tanguy Bosselli

Triangle of sadness

Retrouver Strip Tease est un bonheur. Poulet Frites et ses allures de polar tragi-comique sont la preuve de l’intemporalité du concept de l’émission. Sa veine sociale fait mouche et les situations absurdes fusent durant 1h45. Tous ces éléments irrésistibles valent bien un coup d’oeil, non ?




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