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BILAN | Les meilleurs films de novembre 2024

CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS DE NOVEMBRE 2024.

Le choix de Thomas Périllon

GOOD ONE d’India Donaldson

Si le film ne fait qu’esquisser les prémisses d’une révolution personnelle, Good one est parcouru d’une grande tendresse et d’une pudeur parfaite dans cette zone d’intimité. Dans la peau de cette fille aînée devenue observatrice sagace, castée presque miraculeusement, Lily Collias livre une prestation toute en subtilité, à la fois contenue et intrigante, rendant le plus beau des services à son personnage qui en devient encore plus captivant alors qu’elle cherche sa place dans ce microcosme machiste. Avec Good one, India Donaldson signe un joli premier film, modeste, minimaliste et délicat qui suit son héroïne du premier au dernier plan, dans son premier geste vers l’émancipation.

Le choix de Florent Boutet

Trois amies d’Emmanuel Mouret

À plusieurs titres, Trois amies, le nouveau film du réalisateur marseillais est une consécration, celle de la sélection dans une grande compétition internationale (Venise), et l’aboutissement d’une écriture où tout semble enfin à sa place. Autour de ces trois personnages principaux, Mouret compose sa partition habituelle, où règnent les tergiversations amoureuses, contrariées par les aléas de la vie quotidienne. Mieux que dans ces précédents films il parvient à organiser son écriture avec une grâce, une habileté, dont Sara Forestier en est le révélateur. Éloignée des plateaux de tournage depuis plusieurs années, l’actrice de l’Esquive et du Nom des gens, symbolise cette épiphanie qui intervient dans le dénouement du film, une révélation sur la versatilité des histoires d’amour, qu’il convient d’embrasser de toutes ses forces plutôt que de toujours tenter d’y trouver du sens. Ce constat simple devient éclatant par le biais du sourire du personnage de Forestier, enfin révélé et épanoui, abandonnant son rôle de faire-valoir définitivement.

Le choix de François-Xavier Thuaud

GRAND TOUR de Miguel Gomes

Bien difficile de dire ce qu’est vraiment Grand Tour. C’est avant tout un essai. De réconciliation entre le présent et la mémoire, le noir et blanc et la couleur, le document et la fiction, le rêve et la réalité, l’innocence et l’artifice. C’est aussi un sortilège. Voilà un film dont on sort bien incapable de distinguer clairement les choses vues des images fantasmées. C’est encore une invitation, à entrer comme l’on peut dans le manège, à s’y perdre et s’y abandonner. C’est enfin l’histoire de Edward et Molly, fiancés à la dérive, lui avec sa peur de l’engagement et son carnet de croquis, elle avec sa détermination et son rire soufflé. Aucun de ses mots ne vous prépare au voyage, à la beauté d’un monde où, d’un village l’autre, la même mélodie peut être passion sans fin ou tristesse infinie. C’est sûrement mieux ainsi, moins on en sait, mieux Grand Tour nous transporte.

Le choix d’Antoine Rousseau

here robert zemeckis

HERE de Robert Zemeckis

Robert Zemeckis semblait avoir perdu la créativité qui faisait toute sa singularité, coincé dans des projets sans âme comme Pinocchio ou Sacrées sorcières. Avec Here, le génial réalisateur de Qui veut la peau de Roger Rabbit retrouve de sa superbe avec une adaptation audacieuse du roman graphique de Richard McGuire. Avec pour concept un unique plan fixe, Zemeckis entend revisiter l’histoire des Etats-Unis par le prisme intimiste d’un espace où se succèdent différents personnages au fil des siècles. Loin de l’installation expérimentale et muséale redoutée, Zemeckis a l’intelligence de concentrer son regard sur les détails du quotidien qui composent une existence humaine. Jamais complaisant ou idéaliste, le film se permet d’explorer les désillusions d’une vie où la quête d’un bonheur familial finit par écraser toute aspiration individuelle. Rarement l’innovation technique n’aura trouvé meilleure écrin que ce récit universel qui bouleverse autant pour son évocation du temps qui passe que pour le vertige existentiel qu’il procure, nous rappelant un fine le caractère anecdotique de notre court passage sur Terre.

Le choix de Matthieu Touvet

Good one

GOOD ONE d’India Donaldson

Good one est un très beau film sur l’adolescence et ce qui y met fin. India Donaldson filme un décalage de générations dans une atmosphère légère mais encore fragile et réussi à créer avec le bon dosage une tension fugace mais bien concrète. Le personnage de Sam, jeune femme réservée mais déterminée, se rapproche de l’âge adulte quand elle est confrontée à la lâcheté des adultes censés la guider, et la protéger. Le talent de la réalisatrice est de dépeindre cet âge sensible non plus comme un espace de vulnérabilité. Au contraire, Sam apparaît affutée, émancipée et prête à affronter la vie. Le message est combatif sans être militant. Kelly Reichardt a clairement fait une émule, au cœur de cette forêt où la jeune actrice Lily Collias irradie par sa finesse et son expressivité.

Le choix de Grégory Perez

FLOW de Gints Zilbalodis

Qu’ils font chaud au coeur les films comme Flow ! Deuxième long-métrage du letton Gints Zilbalodis, ce film d’animation naturaliste a quasiment tout raflé lors du dernier Festival d’Annecy (Prix du Jury, du Public et de la Meilleure Musique Originale) et on comprend pourquoi. S’il faut quelques instants pour s’adapter au parti pris tout en pixels et conférant au film un air de cinématique de jeu vidéo, on est rapidement emporté par son univers onirique et fantastique. Dans cette fable écologiste et animaliste, on suit Flow, un chat noir qui doit constamment s’adapter à un monde en pleine transformation et va en cela se découvrir de nouveaux alliés. Totalement dépourvu de dialogue, on est porté par l’ambiance tant visuelle que sonore que nous offre cette contrée mystérieuse et magnifique. On s’émeut devant la justesse avec laquelle le moindre mouvement de ces animaux est rendu. Conte philosophique sur l’amitié, l’entre-aide et le partage, Flow est une expérience sensorielle unique, aussi belle qu’apaisante. Un peu de douceur dans ce monde de brutes.

Le choix de Manon Martin

les reines du drame

LES REINES DU DRAME d’Alexis Langlois

Avec Les Reines du drame, la cinéaste Alexis Langlois livre un premier long-métrage novateur, pétillant et audacieux, qui mêle la pop culture des années 2000 à une énergie punk indé. Hybride entre comédie musicale et mélodrame queer, le film met en scène la passion orageuse entre une pop star glamour et une punk écorchée vive, le tout accompagné par une bande-son électrisante signée Yelle et Rebeka Warrior. Langlois signe une ode vibrante à la culture queer et transforme chaque scène en un spectacle kitsch et vibrant. Les Reines du drame, c’est un geste cinématographique aussi généreux que fédérateur, qui fait du bien. En sortant, on ne peut d’ailleurs pas s’empêcher de fredonner les chansons, les étoiles plein les yeux….

Le choix de Victor Van de Kadsye

good one

GOOD ONE d’India Donaldson

L’esprit de Kelly Reichardt plane dans ce délicat mais sublime long-métrage d’India Donaldson, Good one. Une balade sensible où une randonnée permet d’explorer avec subtilité les troubles entre un père de famille, sa fille et un ami de la famille. Un film qui nous rappelle également la force dévastatrice d’une ligne de dialogue.