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MAILYS VALLADE & LIANE-CHO HAN | Interview

Adapté du roman d’Amélie Nothomb, Amélie et la métaphysique des tubes transpose l’univers fantasque et introspectif de l’écrivaine dans un film d’animation audacieux et délicat. Quelques jours après sa belle réception publique et critique au festival d’Annecy, nous avons rencontré ses deux réalisateur.ices, Mailys Vallade et Liane-Cho Han, pour évoquer les enjeux d’une adaptation singulière, entre puissance du regard enfantin, rêverie visuelle et réflexion existentielle.

Même si la question vous a sûrement été posée de nombreuses fois, pouvez-vous revenir sur la genèse de ce projet d’adaptation étonnant, celui d’un roman pour adultes en un film d’animation tous publics ? Etait-ce une évidence de passer par ce médium pour retranscrire la voix singulière de cette auteure ?

Mailys Vallade : Le récit d’Amélie Nothomb traite de la petite enfance de 0 à 3 ans et possède des descriptions, des métaphores, des réflexions intenses, philosophiques, existentielles, qui nous convenaient parfaitement à tous les deux. On se connait depuis des années avec Liane-Cho. On travaille régulièrement ensemble sur de nombreux projets. Du coup, on a vraiment cette petite famille qui s’est consolidée au fil des années : nous deux, et aussi avec notre directeur artistique et co-scénariste, et toute l’équipe qui est aussi autour de nous. Ce récit est éminemment universel et en même temps très, très singulier. C’est vraiment ça qui nous a rejoints tous les deux avec Liane-Cho.

Liane-Cho avait lu le livre plus jeune. Quand on a travaillé sur Calamity, juste avant qu’on commence à adapter Amélie, on avait cette émulation pleine qui atteignait presque son apogée tous les deux, dans notre collaboration depuis tant d’années. Ça a presque coulé de source pour adapter ce récit qui nous correspond.

Liane-Cho : Parce qu’on parle d’une petite Amélie, deux ans et demi, qui se prend pour Dieu à travers le Japon, sa relation avec Nishio-san. Et on se dit, « wow, quelle histoire fantastique« . Mailys a trois enfants, dont des jumelles. Moi, j’ai mon fils de sept ans et demi aujourd’hui. Et à l’époque, on s’était dit qu’en fait ce n’était pas juste Amélie qui se prenait pour Dieu. Tous les enfants, quelque part, se prennent pour des dieux. Forcément, avec cette inspiration, en utilisant nos vécus, notre vie, notre vision, notre regard sur nos propres enfants aussi, ça nous a beaucoup aussi inspirés pour accompagner ce film.

Mailys : Et Amélie Nothomb est vraiment très généreuse dans ses écrits, très chaleureuse même, je dirais. Il y a vraiment cette explosion sensorielle de ses descriptions, qu’il allait falloir retranscrire, évidemment, en images dans le film. Mais vraiment, la substance était très propice. Il y en avait beaucoup sous la pédale pour pouvoir en faire une adaptation. Toutefois, le livre est très difficile à adapter. C’était un véritable, peut-être le plus grand défi qu’on ait eu à affronter jusque-là. Ça nous a pris des années d’écriture et on l’a poussé à son maximum avant de finalement laisser peu de place pour la fabrication.

Pourtant c’est une partie longue et fastidieuse…

Mailys :  Oui, c’est pas rien. Mais heureusement, on avait une équipe très solide avec nous. On se connaît par cœur et on a une méthode qu’on avait déployée depuis des années, qu’on a voulu perpétuer. C’est vraiment cette famille-là qui a permis à Amélie et la métaphysique des tubes de voir le jour, vraiment… On a travaillé avec plusieurs co-auteurs graphiques également et le film est fort de tous ces contributions artistiques, sans parler de la conceptualisation en images pour obtenir ce qu’il allait être, en substance, en identité graphique.

Liane-Cho : Totalement, parce qu’avec Mailys, comme on le disait tout à l’heure, on se connaît depuis très longtemps. On a fait les Gobelins tous les deux, même si on avait eu deux ans d’écart. Je suis sorti en 2007, elle est sortie en 2009. On s’est vraiment trouvés la première fois sur le film Le Petit Prince de Mark Osborne. On avait passé le test pour devenir storyboarder et il nous a donné notre chance pour devenir storyboarder junior. C’est l’école américaine, il fallait vraiment travailler le scénario aussi en même temps qu’on travaillait l’image et même conceptualiser aussi des choses.

Making-of du film © Ikki Films

Mailys : Donc on était vraiment fort déjà de cette expérience. Et puis Rémi Chayé m’avait appelé parce que j’avais travaillé sur un autre film, Adama, en France, surtout du développement graphique. Il a été captivé, il trouvait que c’était bien pour son film. Très vite, je lui ai parlé aussi de Liane-Cho que je commençais à connaître sur Le Petit Prince, parce qu’on a vraiment ce truc en commun, ce rapport aux personnages, de vouloir asseoir les personnages vraiment dans un contexte profond, pas anecdotique. Le fait de travailler vraiment la part existentielle profonde des personnages et même un rapport proximal, très proche d’eux. Avec Liane-Cho, on a toujours apporté la part chaleureuse des personnages sur les films en général. On est forts de ça. Et c’est aussi ça qui a créé l’étincelle aussi de cette adaptation.

Liane-Cho : Totalement. Depuis le début. Le Petit Prince, Tout en haut du monde, Calamity, où on était presque les chiens fous de Rémi quelque part à cette époque-là. On essayait d’être vraiment forts de propositions, de brainstorm pour jamais se focaliser sur notre petite partie, mais toujours penser sur l’intégralité de l’œuvre. Être sûrs que les personnages ressentent bien ça au bon moment. Construire un petit peu l’émotion des personnages. Pas qu’ils ressentent des choses juste parce qu’on a besoin qu’ils ressentent quoi que ce soit. Il fallait vraiment le justifier, le construire, l’amener, le bâtir, le monter.

Maylis : On a vraiment ce souci-là. Amélie Nothomb a vraiment cette force-là dans ses récits. Quand je dis qu’elle est généreuse, c’est vraiment qu’elle a des écrits qui sont très poussés. Chaque réflexion qu’elle a sur les choses, elle ne les fait pas à moitié. Elle y va en profondeur et c’est ce qui nous a plu.

C’était le plus gros défi de ce film ?

Liane-Cho : Amélie Nothomb n’écrit pas pour les enfants. Toutes ses œuvres sont pour adultes, quelque part. Le gros défi de ce film, c’est de le faire ensemble. De trouver le public.

Maylis : On le voyait plutôt adulte au départ, mais il ne fallait pas se concentrer sur les adultes, mais l’étendre jusqu’aux enfants. On en parlait avec votre productrice.

J’ai cru comprendre que quand vous avez présenté le projet, sur le papier, ça a été un petit peu compliqué de vendre le projet et de trouver un distributeur…

Maylis : Pour tous les films d’animation, c’est toujours difficile de trouver. En France, il n’y a pas cette culture comme au Japon d’un cinéma d’animation pris comme cinéma à part entière, où il y a un public adulte. Trouver un public adulte avec une grammaire graphique plutôt aussi enfantine, c’est assez inattendu. Ce n’était pas gagné comme ça d’emblée. Il fallait arriver à tendre le récit pour pouvoir le mettre à hauteur d’enfant et transporter tout le monde.

Il y a toutes sortes de raisons de trahir quand on fait un film, mais dans ce cas-là, on a dû abandonner de nombreuses thématiques présentes dans le livre, tout comme on a créé des événements qui n’y sont pas, afin de rester sur notre arc narratif principal.

Sans l’aseptiser, le vider de son essence…

Liane-Cho : Avec Maëlys, nous tenions absolument à garder cette patte littéraire. Son humour caustique, ses réflexions philosophiques. Et effectivement, cette voix off, qui a été extrêmement difficile à mettre en place, à écrire, à placer, a provoqué beaucoup de débats passionnés.

Maylis : Parce que beaucoup de gens lisent le livre. Dès le plus jeune âge. C’est le livre qui est le plus lu d’Amélie Nothomb, à mon âge type collège. Tout le monde s’empare du récit et ça a déchiré des passions. Chacun entendait une voix différente de la narratrice qui parle. Nous avons du nous positionner là-dessus et structurer le récit en tenant compte de ça. Le choix de la voix off a été très déterminant pour tout. À partir du moment où nous avons décidé que ce serait une voix de conteuse, pour garder ce décalage qui relate, qui parle philosophie, qui parle de ce qu’elle a traversé en le commentant avec un peu d’humour, ça nous a permis de nous dire qu’on allait développer une grammaire cinématographique à hauteur d’enfant, à travers le regard de cette petite fille. C’est un film sur le regard d’Amélie, et du regard qu’on peut porter sur Amélie aussi.

Amélie et la métaphysique des tubes

C’est un tout petit livre, mais extrêmement chroniqué, qu’il allait falloir entièrement restructurer pour faire une adaptation cinématographique. Au bout de plusieurs années, on a fini par le synthétiser en trois actes, centrés autour de la relation Amélie et Nishio-san (sa nourrice – ndr), et de cette identité qu’elle développe par rapport au Japon à travers elle. On ne voulait pas sacrifier les questions sur le deuil : celui des étapes de la vie, la mort, la guerre, toutes ces notions-là.

Liane-Cho : Le film parle de deuil, ça parle aussi de cette transition qu’on connaît très peu, de la petite enfance à l’enfance. On connaît bien l’enfance-adolescence, l’adolescence-adulte, la quarantaine, et cette phase-là, on la connaît très peu. L’enfant se croit, pense être Dieu, au centre du monde, puis fait le deuil petit à petit, à l’âge de deux ans, de comprendre et d’accepter qu’ils ne sont pas Dieu…

Ils s’individualisent…

Liane-Cho : Voilà, qu’on n’est pas au centre du monde, au contraire. Que les enfants vivent dans le monde, avec les autres. Peut-être que l’une des différences avec le livre, qui finit par « Après, il ne se passait plus rien », nous avons voulu, au contraire, créer une ouverture vers le monde. Et effectivement, il y a un deuil, mais on perd quelque chose pour gagner autre chose d’encore plus fantastique, qui est l’ouverture vers le monde, l’ouverture aux autres.

Amélie Nothomb avait le sentiment qu’on avait ressuscité son père.

Concernant ce travail d’adaptation, comment ça s’est passé avec Amélie Nothomb ? Vous disiez qu’il fallait rendre son roman cinématographique,  vous en emparer et que cela induirait quelque part une trahison qui n’allait pas plaire à tout le monde… Est-ce que cela constituait une pression supplémentaire ?

Mailys : Elle nous a laissé pleine liberté. Elle a eu cette fameuse phrase, qu’on commence à répéter partout : ses livres sont ses enfants, l’adaptation de ses livres sont ses petits-enfants, et elle n’intervient pas dans l’éducation des enfants et des petits-enfants. Du coup, ça nous a offert une grande liberté, sur son oeuvre autobiographique en plus, de s’en emparer. Un travail d’adaptation, c’est toujours un gros travail de trahison de l’oeuvre, pour en faire quelque chose de bien traduit à l’écran. Pour plein de raisons différentes, que ce soit pour notre arc narratif principal, pour pouvoir se concentrer sur un pan du récit… et pour des raisons budgétaires… Il y a toutes sortes de raisons de trahir quand on fait un film, mais dans ce cas-là, on a dû abandonner de nombreuses thématiques présentes dans le livre, tout comme on a créé des événements qui n’y sont pas, afin de rester sur notre arc narratif principal et d’aller d’un point A à un point B. L’enjeu, c’était de rester lisible pour un enfant aussi adulte, il fallait que ce soit digeste et qu’on parvienne à faire passer cette relation d’âme-sœur avec sa nounou. Pour le regard d’Amélie, on voulait aller au gré des choses : sous son regard, elle va découvrir tel objet, elle va avoir telle réflexion, comme les enfants en bas âge le font.

Qu’est-ce que vous avez abandonné, à regret ?

Mailys : Il y a par exemple le père d’Amélie, qu’on adore dans le livre et qui est merveilleusement développé, qu’on appelait le chanteur aux yeux bleus, ce qui offrait un rapport au Japon qui est exceptionnel… Et ça fait partie des choses qu’on a dû abandonner à grand regret, comme le langage, quand elle choisit de parler pour l’enfant en japonais, pour des raisons techniques et narratives, pour notre structure narrative.

Il faut faire des choix, qui vont amener à une réinterprétation, et pas seulement une illustration.

Amélie Nothomb n’a découvert le film que le 19 décembre 2024, le dernier jour du mix final. Elle a pu apprécier pour la première fois le film, dont elle n’avait rien vu avant – parce qu’elle ne se mêle pas de l’éducation de ses petits-enfants. C’était une projection extrêmement émouvante pour elle, puisque ça lui a rappelé son père qui nous a quittés il y a plusieurs années maintenant. Elle avait le sentiment qu’on l’avait ressuscité. Elle le revoyait comme s’il était là…

Ghibli est inscrit en nous, dans notre ADN. C’était plutôt inconscient, mais ce n’était pas dans nos références, en tout cas pour adapter le livre.

Et concernant la part d’invention personnelle, de valeur ajoutée ?

Oui, il y a des événements qu’on a créé comme la cérémonie d’Ogon sur notre arc autour de la mort et du deuil. Cette célébration d’Ogon tombait parfaitement bien, la date correspondait à la temporalité du film, qui est assez rapide, donc il fallait que ça tombe bien. Amélie (Nothomb) nous a dit qu’elle l’avait vécu, ça aurait pu y être, donc on a eu beaucoup de chance !

Making-of du film © Ikki Films

Quand on fait un travail de documentation, en étudiant la région du Kansai, la lumière, les dates, on a rencontré ce qui se passait culturellement sur place. Je crois que tous ces petits éléments ont joué, permis d’étoffer le film, au niveau de l’image, avec notre directeur artistique et co-scénariste Eddine Noël. Il a été très précieux pour les décors, car il connaissait très bien l’architecture japonaise et plus généralement la culture japonaise. Nous ne voulions pas faire de faux-pas culturels. Le livre parle du Japon, mais nous n’avons pas voulu adapter ce livre par rapport à ça. L’histoire pourrait se passer dans n’importe quel autre pays qu’elle aurait eu la même puissance. Mais le Japon possède une imagerie très puissante, chatoyante, luxuriante, et avec un savoir-vivre en plus des coutumes qui ont profondément séduit Amélie Nothomb, depuis la petite enfance, au point qu’elle se sente japonaise.

Vous avez visiblement fait les bons choix artistiques puisque le film a non seulement séduit l’auteur du matériau originel, mais a déjà conquis les premiers spectateurs, comme à Annecy où vous avez reçu le Prix du public…

Peut-être parce que l’histoire a cette portée universelle, malgré cette imagerie japonaise.

On retrouve vos influences personnelles, notamment dans vos collaborations avec Rémi Chayé, mais aussi avec ce qui a fait la grandeur des productions Ghibli… Comment vous avez réussi à harmoniser ça, tout en ne sous-estimant ni l’intelligence émotionnelle des enfants, ni la force d’évocation de l’oeuvre sur la mémoire et l’existence, qui vont résonner chez les adultes ?

Mailys : Je pense que Ghibli, et plus généralement l’animation japonaise est inscrite en nous, dans notre ADN. C’était plutôt inconscient, mais ce n’était pas dans nos références, en tout cas à la base pour adapter le livre. Effectivement, ça se passe au Japon, donc forcément il y a les références japonaises, en plus l’histoire se déroule dans une maison traditionnelle japonaise et ça fait un peu penser à Totoro, mais ce n’est pas spécialement voulu.

Nous avons cherché à rester proches d’un travail assez naturaliste, et photographique. On était vraiment avec une équipe de co-créateurs graphiques avec nous, 6 ou 7 personnages, et chacun a mis sa main à la patte, avec également des peintres plein air et des artistes de la couleur, Justine Thibault et Simon Dumonceau, sous la direction artistique d’Eddine Noël, qui a fait un travail de documentation monstrueux sur la vallée du Kansai, et aussi de reproduction de la maison. Comme la maison d’Amélie Nothomb a été rasée, il a fallu retrouver cet endroit, ainsi qu’un documentaire qui nous a pas mal aidés, qui a été réalisé une amie d’Amélie Nothomb. Cela nous a permis de voir des photos de la petite enfance d’Amélie, des images du lieu. C’est d’ailleurs dans ce documentaire qu’on peut voir les retrouvailles d’Amélie 40 ans plus tard, avec Nishio-san. C’est très émouvant et, en continuité du film, il ne faut pas hésiter à voir ce documentaire, je pense que c’est vraiment un trésor.

Little Amelie

Cela vous a permis d’explorer d’autres univers que le Grand Nord (Tout en haut du monde) ou les grands espaces américains (Calamity)… 

Mailys : C’est vrai qu’il y a une chatoyance supplémentaire. Il y avait ce choix de couleurs, très à propos car on parle de l’euphorie, de la petite enfance dans sa pleine sensorialité, dans sa pleine perception. Le film procède de sa perception, et petit à petit bascule sur la découverte de la réalité, il fallait voir l’image s’affadir aussi au fil de l’histoire.

Liane-Cho : Ce qu’il faut souligner, quand vous évoquiez Ghibli et Rémi Chayé, c’est qu’en France nous sommes vraiment riches d’avoir tellement de différents styles graphiques, mais qu’il faut réinventer la roue à chaque fois. On l’assume totalement, vous avez des studios comme Disney, Pixar ou même Ghibli qui, depuis des décennies, font des films avec les mêmes personnes, qui optimisent, qui élèvent leurs studios forment des gens…

Mailys : Ce qui nous tenait à coeur était de développer surtout nos intentions malgré le budget, les contraintes, qui nous imposent des méthodes et parfois de faire le deuil de certains éléments qu’on avait en tête, pour privilégier toujours l’intention et le fond. Bien sûr, il y a eu quand même beaucoup de batailles parfois, parce que c’est des émotions parfois très subtiles à retranscrire quand même. Surtout à l’étape du layout, quand on traduit le storyboard parce que comme on a beaucoup poussé l’écriture. On a eu très peu de temps pour faire ce storyboard pour le coup, c’est aussi pour ça qu’on a beaucoup de storyboardeurs et que ça a pu être très chaotique. Le layout était essentiel. C’est vraiment cette étape qu’il y a juste après, quand on a fini le storyboard. Ce sont un peu les brouillons de chaque plan, avec que d’autres interviennent pour faire le dessin définitif tel qu’il apparaîtra à l’écran. C’est donc une interprétation de l’image spontanée, c’est le nerf de la guerre.

Pour finir cet entretien, parlons du temps. Votre film en a eu besoin, il a représenté de nombreuses années de gestation. La sortie du film peut être vue comme la naissance de votre enfant, mais celui-ci va grandir. Etes-vous conscient·e·s qu’il va plonger dans le grand bain, poursuivre sa vie, et être vu et revu par des centaines de milliers d’enfants dans les années à venir, surtout s’il est sélectionné dans le dispositif École et Cinéma, comme Tout en haut du monde de Rémi Chayé…

Mailys : Oui, c’est vrai ! (rires) Déjà, avec Rémi, on a accompagné ses films en salle, donc on a pu découvrir le circuit École et Cinéma justement, et c’était génial. Durant le festival d’Annecy, j’ai rencontré quelqu’un à Annecy qui a une association qui souhaite travailler autour du film et notre directeur artistique va d’ailleurs faire une présentation et un atelier autour des décors. Là, on a encore le nez dans le guidon…

Liane-Cho : Dès sa présentation à Cannes, il y a beaucoup de gens qui ont pleuré, à gros sanglots parfois, qui venaient nous remercier. Je crois que ça venait raviver les choses très profondes. C’est très intéressant de voir où se place le curseur émotionnel des gens, ceux qui vont capter tel ou tel élément. À Annecy, j’ai eu aussi une émotion particulière sur le fait que dix ans plus tôt, jour pour jour, j’étais déjà dans la même salle avec Rémi pour Tout en haut du monde. Recevoir nous aussi une standing ovation et le prix du public, 10 ans plus tard, ça fait quelque chose. La boucle est bouclée, d’une certaine façon.


Entretien réalisé à Paris, en juin 2025


Remerciements : Alice Krivine, les équipes de Maybe Movies & Ikki Films