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NINO

Dans trois jours, Nino devra affronter une grande épreuve. D’ici là, les médecins lui ont confié deux missions. Deux impératifs qui vont mener le jeune homme à travers Paris, le pousser à refaire corps avec les autres et avec lui-même.

Critique du film

Présenté en compétition à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2025, Nino marque les débuts à la réalisation de Pauline Loquès. Le film nous fait rencontrer Nino Clavel, un jeune homme de 28 ans, interprété par le Canadien Théodore Pellerin, qui apprend de façon abrupte qu’il souffre d’un cancer de la gorge et doit entamer dès la semaine suivante un protocole de chimio et radiothérapie. À peine reçue, la nouvelle est suivie d’autres conséquences immédiates : ce traitement le rendra stérile. Ainsi, dans le cas où il souhaiterait se reproduire ultérieurement, il est invité à faire congeler ses spermatozoïdes avant la fin du week-end et le démarrage du traitement. Nino raconte l’histoire des trois jours suivant cette annonce et précédant sa prise en charge médicale. 

Optant pour une temporalité courte, Pauline Roquès choisit d’explorer ce qu’il se passe dans cet « entre-deux » fait de quelques jours et quelques nuits à traverser, alors que tout est remis en question mais que la vie autour, celle des autres, proches et anonymes, se poursuit. Dans Paris, le bruit est persistant, comme un reflet du chaos intérieur de son personnage éponyme, qui doit appréhender le diagnostic et son impact sur son présent et son avenir. On devine le tumulte qui l’agite, les questions qui se bousculent. Doit-il l’annoncer et à qui ? Vers qui se tourner pour être accompagné le premier jour de la chimiothérapie ?

Nino film

Jusqu’alors flottant et incertain dans son existence, comme s’il n’avait jamais réellement pris possession de son destin et de sa vie adulte, Nino se retrouve à un moment charnière de son existence, confronté à la mort potentielle, mais surtout à la vie. Celle qui continue et celle qu’il n’a peut-être pas assez vécu. Contraint d’errer dans Paris, sans clés, à trois jours de l’échéance, il cherche autant l’isolement que la connexion humaine.

Autour de l’excellent Théodore Pellerin, gracieux et fragile, les acteurs secondaires sont aussi parfait·e·s et accompagnent Nino dans ce voyage intérieur pour le raccrocher, volontairement ou non, à la vie et à ce qui pourrait être. On pense notamment à Jeanne Balibar et William Lebghil, qui incarnent deux figures importantes de sa vie (sa mère et son meilleur ami) et apportent une profondeur supplémentaire à l’histoire, mais aussi à Salomé Dewaels (révélation des Illusions perdues) qui donne au film une dimension émotionnelle encore plus forte dans un dernier acte d’une belle délicatesse, entre humour, complicité et lâcher-prise.

Dédié à un de ses amis, ce premier film de Pauline Loquès marque la naissance d’une cinéaste attestant déjà d’un véritable savoir-faire narratif et cinématographique. Forte de son écriture fluide et sensible et de sa distribution irréprochable, cette première oeuvre touche au coeur et invite à ne pas s’arrêter de chercher la lumière dans les périodes les plus sombres.


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