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ELEANOR THE GREAT

Eleanor Morgenstein, 94 ans, tente de reconstruire sa vie après la mort de sa meilleure amie. Elle retourne à New York après avoir vécu en Floride pendant des décennies.

Critique du film

Contrairement à Kristen Stewart (The Chronology of water) et Harris Dickinson (Urchin), également sélectionné·e·s à Un Certain Regard pour présenter leur première réalisation, Scarlett Johansson a choisi un chemin un peu moins audacieux avec sa chronique douce-amère du vieillissement, du lien intergénérationnel et du travail de mémoire qu’il faudra faire vivre lorsque les victimes de l’Holocauste ne sont/seront plus là pour raconter ce qu’iels ont vécu.

Reposant sur un schéma narratif somme toute assez classique, Eleanor the great suit une octogénaire au caractère bien trempé, qui voit sa routine bouleversée par le décès de sa meilleure amie et colocataire. Contrainte de quitter son appartement de toujours, elle part s’installer chez sa fille à New-York. Débute alors un récit de reconstruction intime, entre deuil, solitude, et rencontres inattendues qui permettront à Eleanor de renouer avec une part d’elle-même longtemps enfouie tout en faisant le deuil de son amie si chère à son coeur.

Eleanor the great

Si la mise en scène de Johansson n’a rien de révolutionnaire et ne cherche pas à l’être, elle est empreinte d’une douceur affirmée, attentive aux détails, au rythme de la ville et à celui du corps vieillissant. On sent un soin particulier apporté à la direction de ses actrices, à la lumière et aux ambiances. Le scénario, s’il suit des étapes attendues, évite les pièges du misérabilisme et du pathos, préférant tracer une trajectoire de reconquête personnelle où l’humour et le besoin de reconnaissance vont de pair.

Porté par une héroïne à la fois attendrissante et explosive, formidablement campée par June Squibb – qui insuffle au personnage d’Eleanor une présence bouleversante, Eleanor the Great n’est peut-être pas un grand film, mais il est à l’image de son héroïne : simple, opiniâtre, et porteur d’une émotion sincère et tenace. Un premier pas prometteur pour Scarlett Johansson, qui offre à ses comédiennes tout l’espace nécessaire pour exister, se heurter et s’épauler.


De Scarlett Johansson, avec June Squibb, Erin KellymanJessica Hecht


Cannes 2025 – Un Certain Regard