URCHIN
À Londres, Mike vit dans la rue, il va de petits boulots en larcins, jusqu’au jour où il se fait incarcérer. À sa sortie de prison, aidé par les services sociaux, il tente de reprendre sa vie en main en combattant ses vieux démons.
Critique du film
Révélé par Eliza Hittman dans Beach Rats, puis propulsé sous les projecteurs grâce à la Palme d’Or décernée à Sans filtre et au beau succès de Babygirl, Harris Dickinson marque une étape significative dans sa carrière artistique avec la réalisation de son premier long-métrage, Urchin, présenté en sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2025 et dont il signe aussi le scénario.
Urchin suit Mike, un sans-abri londonien interprété par Frank Dillane, qui tente de survivre chaque jour en mendiant et en commettant quelques petits vols pour subvenir à ses besoins. Arrêté et écroué suite à un vol avec violence, il ressort de prison dans le cadre d’une remise en liberté surveillée. S’il tente de reconstruire sa vie, « une vie simple et sans passages à vide », en trouvant un emploi stable et en arrêtant l’alcool et les substances, il ne bénéficiera pas longtemps de l’accompagnement social mis en place pour l’aider à se réinsérer dans la vie active. Malgré toute sa bonne volonté et ses efforts de sociabilisation, il sera bientôt repris dans un cycle d’autodestruction, au risque de voir son existence sombrer de nouveau.
Make me whole again
Si le film évoque le thème de la santé mentale en montrant cet homme qui tente de se reconstruire seul et de s’affranchir de sa dépendance aux substances par sa seule détermination (et en écoutant des podcasts de méditation), Urchin souligne aussi les défaillances systémiques qui délaissent les laissés pour compte, qu’ils soient précaires, marginaux ou immigrés.
Avec une mise en scène à la fois brute et naturaliste, s’offrant quelques interludes abstraits inattendus, Urchin tente de dépeindre les schémas répétitifs qui entravent sa volonté de changement et de rédemption. S’appuyant sur la photographie de Josée Deshaies (La bête de Bertrand Bonello), la partition musicale d’Alan Myson et la performance convaincante de Frank Dillane, Harris Dickinson signe une première oeuvre engagée qui atteste déjà d’une vision artistique affirmée.