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BILAN | Les meilleurs films du mois d’octobre 2023

CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS D’OCTOBRE 2023.

LE CHOIX DE FLORENT BOUTET

Deuxième film du réalisateur serbe, remarqué cette année à la Semaine de la Critique, et co-scénarisé par Alice Winocour, Lost country est une plongée au cœur de la grogne anti-Milosevic du milieu des années 1990. Autour de la figure d’un adolescent pris dans un étau intenable entre une mère dignitaire du régime, et l’intimité de ses camarades qui en font un bouc émissaire à tous les troubles qui secouent à la fois le pays mais aussi leurs propres familles. Cette longue descente aux enfers pour ce jeune homme voit naître dans le hors champ et une foule de détails, tous les bouleversements qui secouèrent les Balkans avec la fin de la Yougoslavie et la naissance de nouveaux Etats sur fond de corruption et de nationalisme exacerbé. Tous ces éléments se retrouvent magistralement ordonnés par le biais d’une écriture précise et d’une mise en scène qui dynamise bien l’ensemble. Un des très beaux films du festival de Cannes cru 2023.

LE CHOIX DE FRANÇOIS-XAVIER THUAUD

Les réalisatrices se sont beaucoup penchées cette année sur des relations mère-fille complexes. Après La Ligne, La Fille d’Albino Rodrigue, Les Filles d’Olfa et Ama Gloria, Iris Kaltenbäck décrit à son tour avec Le ravissement les tourments de la maternité qu’elle croise brillamment avec la morsure du mensonge. Chez Lydia, la douleur est plus grande que l’imposture, thème qui place la cinéaste dans le sillage d’un Xavier Giannoli. Hafsia Herzi, impressionnante et impénétrable, creuse un tendre supplice dans lequel elle entraîne son entourage. Alexis Manenti et Nina Meurisse complètent le casting de ce très beau premier film qui retient l’émotion dans les filets du mystère.

LE CHOIX D’ANTOINE ROUSSEAU

Malgré de nombreuses tentatives pour faire bouger les lignes, rares sont les propositions de cinéma fantastique françaises à trouver leur public. Une raison largement suffisante pour se réjouir du succès du Règne Animal, porté par un bel accueil critique et un effet de bouche-à-oreille plus que favorable. La fable de Thomas Cailley a beau présenter de nombreux défauts (dont un montage arythmique), elle reste d’une ambition folle sur la forme, assumant de bout en bout son postulat de genre. Le réalisateur déploie un imaginaire fort, servi par de solides effets visuels et sonores, en n’oubliant jamais l’émotion qui se niche au cœur de son récit : une relation père/fils aussi touchante que joliment incarnée. Un pari gagnant qui, on l’espère, permettra à d’autres propositions hybrides hexagonales de se frayer un chemin jusqu’aux salles obscures !

LE CHOIX DE MARIE SERALE

ravissement

Octobre 2023 a vu les créatures de l’imparfait mais poétique Règne Animal de Thomas Cailley envahir les salles obscures. C’est aussi le mois qui marque le retour tant attendu de Martin Scorsese au cinéma et la sortie de pépites qui illuminent le paysage du cinéma francophone comme Le Syndrome des amours passées ou Le Vourdalak. Dans ce grand cru de cinéma, une vision nous frappe : celle qu’Iris Kaltenbäck nous propose dans Le Ravissement, son premier long-métrage. C’est l’histoire du rapport à l’amour et à la maternité, racontée à travers celle d’une femme qui désire désespérément les deux. C’est l’histoire d’une peur déchirante et universelle de la solitude, portée par la sensibilité extraordinaire de l’actrice Hafsia Herzi. Par le biais d’une voix-off, d’une mise en scène dont la simplicité souligne la complexité d’une héroïne laconique ou d’images documentaires bouleversantes filmées en maternité, Iris Kaltenbäck raconte, avec beaucoup de finesse et sans jugement, les dérives d’une vie de solitude.

LE CHOIX D’EMILIEN PEILLON

Il arrive régulièrement qu’on trouve dans le cinéma d’animation ce qu’on attend pas. Ici, Linda veut du poulet : la meilleure comédie française depuis longtemps, mais aussi un film authentiquement familial. Les mésaventures des deux héroïnes sont, en effet, autant un portrait des petits tracas des enfants (s’occuper quand les adultes sont pas là, faire des bêtises sans le vouloir, être puni à tort) que de ceux qui préoccupent les adultes : essayer d’être un bon parent quand on est débordé, savoir reconnaître ses erreurs, et surtout tenir ses engagements. Le fait que tout ce bazar arrive par une promesse inoxydable d’une mére à sa fille a quelque chose de profondément réjouissant, tout comme l’attribution arbitraire d’une seule couleur à chaque protagoniste pour mieux le mettre en valeur.

Le choix d’Adrien Roche & Victor Van De Kadsye

Si ce mois d’octobre annonçait avec lui son lot de grandes sorties pour le cinéma français (Le Règne Animal, Le Ravissement), c’est de l’autre côté de l’Atlantique que le film du mois – et l’un des prétendants au titre de film de l’année – se trouve, en plein cœur de l’Oklahoma. Avec Killers of the Flower Moon, Martin Scorsese rassemble ses deux muses et trouve en Lily Gladstone une actrice capable de leur tenir tête. Sortant peu à peu le personnage de la comédienne de son récit pour nous rappeler l’impuissance des Osage face à l’inhumanité des colons, Scorsese appuie son propos avec une séquence finale extraordinaire, replongeant ces victimes oubliées dans un anonymat glacial. Son cinéma est une denrée rare à chérir, lui qui nous a proposé en 3h26 un mélange des genres inédit dans son art. – AR

Avec Killers of The Flower Moon, Martin Scorsese signe l’un des films majeurs du cinéma américain de cette année. En court-circuitant sa mécanique habituelle du « rise and fall », le réalisateur de « Taxi Driver » et du « Loup de Wall Street » signe une oeuvre lugubre pour revenir sur une page sombre de l’histoire des États-Unis. Un film poignant, notamment dû à la performance de Lily Gladstone. – VDK




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