AMOURS DÉCHUS 03

AMOURS DÉCHUS

Trois amies aux rêves de gloire tentent de percer dans leur domaine respectif : le mannequinat pour Billie, la musique pour Suk-ling et le cinéma pour Yuk-ping. Rencontré lors d’une soirée arrosée, Tony, jeune homme oisif issu d’une famille aisée, est vite intégré à la bande et entame une relation avec Billie. Leur quotidien est mis à mal lorsque Yuk-ping est retrouvée morte, assassinée dans son appartement. Chargé de l’enquête, le détective Lan va se rapprocher des amis endeuillés…

Critique du film

Réalisé en 1986 et deuxième réalisation de Stanley Kwan, Amours déchus était jusqu’à ce jour resté inédit au cinéma en France. Œuvre de jeunesse, puisque le réalisateur avait à peine trente ans, il s‘agit pourtant déjà d’un film très maîtrisé, tant dans sa forme que dans sa direction d’acteurs. Amours déchus fait montre d’une grande originalité narrative en déployant pas moins de trois parties, abordant trois grands genres cinématographiques différents : l’étude de caractères, le film policier, même si l’intrigue apparaît vite comme un prétexte à mettre en lumière des personnalités très marquées comme celle de l’enquêteur notamment, et enfin le mélodrame. 

Si Amours déchus commence par distiller un irrésistible parfum d’insouciance et d’humour, avec sa scène de retrouvailles au karaoké, réunion qui va vite être perturbée par l’ivresse d’un des personnages, on comprend vite que la vision de la jeunesse de Stanley Kwan n’est pas forcément si idyllique. Tous ces jeunes gens ne sont-ils pas finalement victimes d’un profond sentiment de solitude ? Que valent leurs rêves, leurs vies ? Les premières images présentent les pièces d’une habitation vide. Ces aspirations à connaître la gloire qui les habitent ne sont-elles pas là pour masquer une peur et une souffrance ? 

Lorsqu’une des jeunes femmes est sauvagement assassinée, un jeune enquêteur, joué par Chow Yun-fat, semble vouloir se rapprocher de l’entourage de la victime. S’agit-il d’une manœuvre, d’un policier retors qui joue au chat et à la souris ou d’une sincère quête d’amitié et de chaleur humaine ? Avec sa fin étonnante, Amours déchus surprend et émeut, tout comme avec ses changements de directions. Tony Leung Chiu-wai, Irene Wan, Elaine Jin et Tsai Chin forment avec Chow Yun-fat une superbe distribution où le naturel et la spontanéité prédominent. 

Amours déchus constitue un film, qui par ses changements de tons, de directions et d’humeurs, ressemble furieusement à la vie, à la jeunesse, fugace et rebelle, dont on sait qu’elle ne reviendra jamais. On a ici à faire à une œuvre délicate, romantique et désabusée à la bande-son délicate, qu’on peut découvrir dans une superbe restauration 2K, depuis le 10 avril grâce à Carlotta Films, dans la cadre d’une rétrospective Stanley Kwan qui compte trois autres longs-métrages : Rouge, Center Stage (dans une version Director’s cut inédite au cinéma) et Lan Yu, ces trois derniers titres étant pour leur part visibles dans des restaurations 4K.  


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