UNE FEMME CORÉENNE
Une femme au foyer, ancienne danseuse mariée à un avocat de renom infidèle, décide de sortir de sa torpeur quotidienne en cédant aux charmes de son jeune voisin, un adolescent timide.
Critique du film
Troisième film d’Im Sang-soo qu’il réalisa en 2003 et qui lui permit d’accéder à une renommée internationale, Une femme coréenne est à la fois un drame érotique captivant et un constat implacable de la société sud-coréenne du début du vingt et unième siècle, mais peut-être aussi de façon plus générale, un reflet du monde actuel marqué par la violence, les drames, la maladie et l’incommunicabilité entre les êtres – même quand ceux-ci sont mariés ou ont une relation intime.
Cette œuvre, qui déroule donc une vision assez sombre de l‘existence, suit une femme, Ho-jung, mariée et mère adoptive d’un jeune garçon. Son époux, alcoolique et infidèle la délaisse. En dehors de sa passion pour la danse, tout semble être déception pour cette femme qui s’aperçoit qu’un proche voisin, un adolescent l’épie et la suit. La jeune femme, tout en se sachant trompée, n’est pas forcément prête à suivre le même chemin que son mari. Quant à son compagnon, il a beau avoir une liaison avec une autre, il ne peut supporter la liberté de Ho-jung.
Autant la jeune femme semble ne jamais vraiment juger, ni se plaindre, autant l’avocat volage paraît être dans une totale confusion – peut-être due aux vapeurs d’alcool qu’il consomme en grandes quantités – et ne pas savoir ni ce qu’il veut obtenir, ni ce à quoi il est prêt à renoncer. Fils d’un vieil homme lui-même alcoolique et se mourant d’une cirrhose, il est évident qu’il n’a pas seulement hérité de son père un éthylisme atavique mais également un profond égoïsme, peut-être typiquement masculin dans ce film.
Car c’est Ho-jung qui semble la plus touchée par l’état de santé de son beau-père et elle semble plus attentionnée que son mari, qui se tient à distance, même physiquement lorsqu’il rend visite à son père à l’hôpital. Tandis que la jeune femme tente de soulager par des compresses humides les souffrances du vieil homme. Au cours d’une scène à la fois humoristique et tendre, on apprendra que la belle-mère de Ho-jung découvre le plaisir sexuel sur le tard ; on comprend que son mari l’a négligée lui aussi.
Profond, d’une grande sensibilité, Une femme coréenne constitue un très beau portrait de femme confrontée à la fois aux déceptions quotidiennes et inhérentes à toute vie, mais aussi à des drames intimes qui, loin de la briser ou de l’aigrir, contribueront à la forger et à la faire mûrir.