film du mois_Aout23

BILAN | Les meilleurs films du mois d’août 2023

CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS D’AOÛT 2023.

LE CHOIX DE THOMAS PÉRILLON

Anatomie d'une chute

ANATOMIE D’UNE CHUTE de Justine Triet

Bien difficile de ne recommander qu’un seul film en ce mois d’août extraordinaire qui aura vu sortir le très émouvant Ama Gloria, le remarquable Les herbes sèches ou encore l’extraordinaire Sages-femmes. Léa Fehner signe un grand film qui nous fait passer par tous les sentiments en nous plongeant en immersion au cœur d’une maternité où ces femmes, de véritables guerrières, tentent de maintenir à bout de bras un système hospitalier en souffrance. Et n’importe quel autre mois, il aurait été sans conteste LE coup de coeur du mois. Son seul défaut – si c’en est un – est d’arriver en salle une semaine après un autre grand film français, peut-être même un chef d’oeuvre (il faudra le revoir), Anatomie d’une chute.

Derrière le film de procès et le drame policier, Justine Triet signe une oeuvre virtuose qui raconte tant de choses de notre époque, notamment la toxicité d’un couple d’artistes pétris de rancoeurs et la violence sexiste d’une société qui ne supporte pas la réussite d’une femme libre et cultivée. D’une richesse inouïe, Anatomie d’une chute est un passionnant dédale psychologique qui réussit brillamment à nous égarer constamment entre le vrai et le faux sans que l’on ne décroche un instant de ce qui se joue à l’écran. Enfin, si on louera, à très juste titre, l’interprétation XXL de Sandra Hüller, il serait bien dommage de ne pas saluer aussi les seconds rôles, tous excellents, et notamment Swann Arlaud et Antoine Reinartz, absolument parfaits dans leur rôle.

Le choix de Florent Boutet

Fermer les yeux

FERMER LES YEUX de Victor Erice

Au cœur de l’été se cache la sortie d’un film inespéré, le dernier, tout du moins en date, d’un grand auteur parmi les plus rares qui soit, Victor Erice. Son Fermer les yeux est un petit miracle, et pas seulement parce qu’il intervient plus de trente ans après Songe de la lumière, le précédent film du réalisateur espagnol. C’est toute cette histoire qui est investi de l’âme de l’auteur, comme une ode à toutes les oeuvres existantes et non concrétisées d’un immense artiste, qui, à l’instar du regretté Jacques Rozier, n’a pas su ou pas voulu jouer le jeu de la production cinématographique et joué contre un système fait de compromis et d’histoire d’argent. Un simple double regard à la caméra suffit à générer des dizaines de regrets, ceux nés de la frustration et de la rareté de Victor Erice, né au cinéma avec l’un des plus grands films qui soit, L’esprit de la ruche, au début des années 1970.

Le choix d’Antoine Rousseau

REALITY de Tina Satter

Pour son premier long-métrage, Tina Satter a choisi de retranscrire à l’écran le véritable interrogatoire mené par le FBI auprès d’une jeune femme en 2017. Elle opte ainsi pour un dispositif ultra minimaliste qui sied parfaitement au caractère anxiogène de son huis-clos. En s’appuyant strictement sur le procès-verbal (proprement lunaire) de cette affaire, Reality colle au plus près d’un réel étrange, situé quelque part entre la tension documentaire propre au cinéma de Laura Poitras et les aberrations d’un système kafkaien. Puis le cinéma vient peu à peu gripper le réalisme ambiant pour s’aventurer sur les terres plus abstraites d’un cauchemar lynchéen. En résulte un anti-film d’espionnage d’une incroyable tension qui laisse son spectateur avec un  fort sentiment d’inconfort. Inconfort qui perdure longtemps après le visionnage…

Le choix de François-Xavier Thuaud

fermer les yeux

FERMER LES YEUX de Victor Erice

Le film de Victor Erice que l’on n’attendait plus. 30 ans après Le Songe de la lumière, le cinéaste espagnol revient hanter nos écrans avec un sublime voyage au long cours où le labyrinthe de la mémoire côtoie les mirages de l’imagination. Un récit libre, romanesque et nostalgique dans lequel Erice joue avec ses propres fantômes et fantasmes de celluloïd. Temps et cinéma n’ont peut-être jamais été noués avec autant de force. C’est évidemment le film du mois mais c’est déjà un phare dans nos vies de spectateurs, un foyer auprès duquel on viendra réchauffer nos âmes cinéphiles aussi souvent que nécessaire.

Le choix de Marie Serale

AMA GLORIA de Marie Amachoukeli

Si le succès d’Anatomie d’une chute, la brillante Palme d’or de Justine Triet en ce mois d’août est réjouissant, on souhaite également une très belle vie en salles à Àma Gloria. Pour son premier long-métrage réalisé en solo, Marie Amachoukeli nous offre l’histoire lumineuse de Cléo, une petite fille d’à peine six ans et de Gloria, sa nounou. Cléo vit intensément sa vie d’enfant, illuminée par l’amour de Gloria. La douleur est tout aussi intense lorsque la vie les sépare : Gloria doit retourner d’urgence au Cap-Vert, auprès de sa famille. Enfants, comment accueille-t-on des émotions aussi intenses que la joie ou la peine ? Comment fait-on pour accepter une chose aussi absurde qu’être loin de ceux qu’on aime ? L’amour de notre famille de sang a-t-il plus ou autant d’impact sur nous que celui d’une famille de cœur ? Àma Gloria s’interroge sur les liens, ceux qui nous aident à nous construire, ceux avec lesquels on grandit, ceux qui survivent au temps, aux épreuves de la vie et à la différence. C’est un film à hauteur d’enfant, juste et bouleversant qui ne force jamais l’émotion. Un vrai bijou !

Le choix de Tanguy Bosselli

GRAN TURISMO de Neill Blomkamp

Il ne s’agira ni du film de l’année, ni du film le plus important de ce mois d’août. Néanmoins, il est réjouissant de voir un cinéaste comme Neill Blomkamp reprendre ses aises dans le circuit hollywoodien. Si son Gran Turismo n’est pas exempt de défauts (notamment celui d’être durant plusieurs longues minutes une publicité déguisée pour la licence qu’il adapte), il reste une adaptation stimulante du jeu vidéo et sur le mécanisme ludique de l’apprentissage. De bon augure pour un cinéma américain à gros budget actuellement en manque de jeunes pousses talentueuses. Et c’est à noter.



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