LINDA VEUT DU POULET !
Linda est injustement punie par sa mère, Paulette, qui ferait tout pour se faire pardonner. Même un poulet aux poivrons, elle qui ne sait pas cuisiner. Ce poulet que son père avait fait ce jour-là… Mais c’est la grève. Partout, c’est la grève !
CRITIQUE DU FILM
Elevée par sa mère Paulette, veuve depuis le décès soudain de son époux, Linda emprunte la bague qu’elle vient de trouver dans l’appartement, ce qu’on lui refuse. Plus tard, lorsque la bague est portée disparue, la fillette est soupçonnée de l’avoir volée pour l’échanger contre un béret jaune très à son goût. Contrariée, sa mère la conduit chez sa tante. Accusée à tort, l’enfant l’est encore plus. Lorsque le mystère s’évapore et que la bague réapparaît, il ne reste que la culpabilité pour cette mère qui tente pourtant de faire de son mieux pour élever sa fille seule et joindre les deux bouts. Pour se faire pardonner, elle va alors s’efforcer d’exaucer le voeu de Linda : lui préparer le plat favori que cuisinait son père quand elle était petite, le poulet aux poivrons.
Dans un pays en grève générale, qui ne scande pas Macron Démission mais exige tout de même de meilleurs salaires et plus de considération pour l’environnement, la mission de cette maman désespérée est contrariée par les innombrables commerces ayant baissé le rideau pour la journée. Tenir sa promesse devra peut-être attendre. De rebondissements en rebondissements, tout le cercle familial et la communauté de la paisible cité se retrouvent mobilisés dans la chasse au poulet, par conviction ou par un concours de circonstances. L’occasion de découvrir une belle galerie de personnages haut en couleur (au sens propre comme au figuré), du fantasque policier à vélo au chauffeur-livreur allergique à la volaille.
Derrière son enrobage drôle et réconfortant, Linda veut du poulet raconte l’enfance sans détours, mais aussi sans mièvrerie ni emphase. Avec ce qu’il faut d’insolence et de poésie, le long métrage évoque aussi des sujets contemporains comme la mono-parentalité et la charge mentale des mères, le deuil et l’importance du souvenir. Inscrit dans un contexte de contestation sociale qui ne manque pas de rappeler la température actuelle, le film embrasse son esprit libertaire et indomptable, bouscule les règles et l’ordre établi pour nous faire retrouver cet élan de l’enfance où l’on refuse l’injustice et l’inaction.
Avec son humour espiègle et tendre, ses séquences musicales ravissantes et sa créativité visuelle réjouissante, Linda veut du poulet ! s’affirme comme un moment de cinéma immensément bienfaiteur dont on aurait tort de se priver. Après le plus lyrique La jeune fille sans mains, Sébastien Laudenbach s’est associé à Chiara Malta pour offrir aux petits comme aux grands enfants cet hymne à la liberté débordant de couleurs et de vie, une bulle de bonheur qui enchante la rétine et réchauffe le coeur, et qui se conclue sur une ultime touche de douceur avec le délicat « Un souvenir ou deux » de Juliette Armanet.