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BILAN | Les meilleurs films de juin 2025

CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS DE JUIN 2025.

Le choix de François-Xavier Thuaud

le rendez-vous de l'été

Paris, été 2024, la ville accueille les Jeux Olympiques et Blandine. Devant la caméra de Valentine Cadic, l’événement c’est la trentenaire normande immergée dans la capitale en fête (soigneusement débarrassée de ces habitants indésirables). De rencontres inattendues en retrouvailles inabouties, le film dresse le portrait d’une « drôle de fille » à laquelle Blandine Madec prête son charme tout en décalage. La réussite du film tient dans sa capacité à épouser la personnalité de son personnage, flottante et modeste, perdue et parfaitement sûre de ces choix. Pour une nuit sur un balcon, pour un baiser tout doux au bord d’une piscine olympique, pour un interrogatoire jubilatoire, il faut voir Le rendez-vous de l’été.

Le choix de Theo Karbowski

The return

Le long-métrage de Uberto Pasolini n’est peut-être pas le film le plus parfait de ce mois de juin, mais son approche du mythe via une échelle humaine en fait une proposition humble sans être dépourvue d’ambition. Ulysse est mis à nu, au sens propre comme au figuré, la guerre de Troie -et tous les autres combats- n’ont pas laissé l’homme parti d’Ithaque intact. Un spectre hante le héros, celui du sang et de la violence, une main invisible l’empêche de reprendre sa place, à moins d’accepter de céder une nouvelle fois à ses pulsions. The Return abrège la poésie d’Homère, en joue pour travestir une violence destructive ancrée dans le cœur des rescapés. Il ne s’agit pas du retour du héros tel qu’il fut connu, seulement de l’échouage d’une carcasse encore à peine capable de ressentir. 

Le choix de Matthieu Touvet

Enzo est un film lumineux qui aborde le coming of age et les épiphanies qui en découlent avec un angle social et politique. Cet ancrage rend très concrets les tourments du jeune héros pris entre deux sphères (familiales, professionnelles et sentimentales), quitte à se perdre parfois dans des sous-intrigues qui alourdissent un propos qui était pourtant déjà limpide. Enzo n’en reste pas moins touchant, en grande partie grâce à la performance et au charisme de son interprète Eloy Pohu, et qui retranscrit fidèlement les affres des amours adolescents.

Le choix de Victor Van de Kadsye

28 ans plus tard

Le projet opportuniste était à craindre plus de 20 ans après la sortie d’un premier volet considéré comme culte, mais dès les premiers instants, la surprise est de taille : Danny Boyle et Alex Garland ont hacké la logique industrielle pour créer une oeuvre étrange, habitée par un curieux mélange entre colère et tendresse. La franchise 28 Jours Plus Tard sert de prétexte à une satire graphique de l’Angleterre post-Brexit. Le genre du survival, de moins en moins considéré avec la lassitude éprouvée des fans envers des licences comme The Walking Dead et The Last Of Us, est redynamisé à travers les expérimentations formelles du cinéaste. 28 ans plus tard livre des images saisissantes (ainsi qu’une musique extraordinaire de Young Fathers), aussi bien pour respecter un genre que pour appuyer frontalement la portée symbolique de son propos sur la part d’ombre de la politique anglaise, qu’elle soit basée sur un repli sur soi ou bien par les démons pop-culturelles qui ont traumatisé l’histoire télévisuelle britannique (comme en témoignent les réactions liées à la toute fin et la personnalité évoquée). Et malgré cette colère bien palpable, 28 Ans Plus Tard bouleverse par sa mélancolie côtoyant celle d’une série comme The Leftovers (en plus bourrin, certes). Dès lors que Ralph Fiennes entre en scène, on retrouve l’étrange optimisme lié à Danny Boyle. Le film devient une ode au recueillement et à la mémoire qui frappe en plein coeur. Et les larmes coulent soudainement.

Le choix de Thomas Périllon

Loveable

Avec Loveable, Lilja Ingolfsdottir signe un premier long-métrage bouleversant sur la maternité, la charge mentale et la reconquête de soi. Suivant Maria, mère de quatre enfants au bord de l’épuisement, le film explore avec finesse les injonctions sociales pesant sur les femmes et les schémas familiaux qu’il faut briser pour se retrouver. Porté par une mise en scène réaliste, une écriture nuancée et une interprétation magistrale d’Helga Guren, Loveable déjoue les clichés et touche par sa justesse. Un drame introspectif, sensible et maîtrisé, qui révèle une cinéaste à suivre.

À voir en famille ou en solo

Film d’animation hybride mêlant influences françaises et japonaises, cette première adaptation au cinéma du roman autobiographique Métaphysique des Tubes d’Amélie Nothomb revient sur ses trois premières années au Japon avec poésie, humour et tendresse. Prix du public au festival d’Annecy, qui a été enchanté par son graphisme chatoyant et sensoriel, le long-métrage de Mailys Vallade et Liane-Cho Han permettra aux plus jeunes comme aux plus âgés de (re)plonger dans le formidable univers de la romancière.