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BILAN | Les meilleurs films de mai 2025

CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS DE MAI 2025.

Le choix de Fabien Genestier

Partir un jour

Portrait d’une femme autant que d’une génération à un moment charnière de la vie, la quarantaine, où l’on fait un premier bilan pour mieux se demander dans quelle direction on a envie d’aller, Partir un jour cache, sous ses allures de petite comédie musicale française, beaucoup de trésors que l’on prend un grand plaisir à savourer. Amélie Bonnin manie à merveille le mélange des tons, pouvant s’aventurer du côté du feel-good movie mais n’hésitant à aller régulièrement vers plus de profondeur. Ceci transparaît particulièrement dans les tableaux musicaux qui devraient réveillé la nostalgie de beaucoup d’entre nous. On s’attache indéniablement aux deux personnages principaux (les partitions de Juliette Armanet et Bastien Bouillon sont sans fausse note) mais également à l’ensemble des personnages secondaires qui ont le droit à un développement soigné.

Le choix de François-Xavier Thuaud

les enfants rouges

Ce fut un traumatisme en Tunisie, un berger adolescent égorgé dans le Djebel Mghila et son cousin tenu de rapporter sa tête à la famille en guise d’avertissement. Les enfants rouges tient sur les épaules de son jeune comédien, le formidable Ali Helali avec sa bouille ronde et sa denture approximative. Il incarne avec justesse l’enfance volée dans un drame sec et discrètement fantastique qui choisit de laisser les tenants de la barbarie hors champ. Digne du grand cinéma humaniste de Abbas Kiarostami, la fin du film met en scène deux enfants soudés par la tragédie. Il part pour se sauver, elle court à côté de la voiture et tous deux se récitent une leçon de zoologie en guise d’au revoir.

Le choix d’Eric Fontaine

Notre monde ressemble souvent à une farce macabre et effrayante. Guy Maddin, Evan Johnson et Galen Johnson ont pris le parti de faire rire de cet état de fait. Prenant pour décor un sommet du G7, au cours duquel les dirigeants des plus grandes puissances du monde sont confrontés à des événements mystérieux, les réalisateurs de Rumours : nuit blanche au sommet nous livrent un très réjouissant jeu de massacre. À la croisée de plusieurs genres – comédie et horreur notamment – cette satire grinçante servie par d’excellents interprètes – mention spéciale à Cate Blanchett, Denis Ménochet et Roy Dupuis – constitue un Objet Filmique Non Identifié teinté d’onirisme et de surréalisme, le tout servi par un grand sens de l’esthétique. 

Le choix de Simon Besnard

Alors que Festival de Cannes s’est clos avec l’attribution à Jafar Panahi de la Palme d’Or pour son dernier long-métrage, c’est une œuvre bien différente, Partir un Jour, présentée hors-compétition, qui avait ouvert la grande messe du cinéma international. Si le générique, sous forme de karaoké un peu potache laissait envisager le pire, à savoir une playlist NRJ nostalgie imagée, les scènes de juke-box sont des saillies étonnantes vers les névroses et espoirs des personnages. Ces séquences musicales ouvrent à chaque fois un passage donnant de l’épaisseur au récit. Étonnant premier film donc qui emporte avec lui des questionnements sincères sur l’âge, le travail, la famille et la ruralité.

Le choix de Theo Karbowski

les maudites

Le genre de l’horreur, malgré son aspect de plus en plus commercial, a toujours été une enveloppe permettant de disséminer des thématiques fortes. Avec Les Maudites, Pedro Martin Calero s’empare des violences faites aux femmes à travers une histoire de fantômes s’étalant sur plusieurs générations. A l’instar des projections démoniaques de Laura Palmer dans Twin Peaks (1990), les protagonistes des Maudites matérialisent leurs traumatismes via une entité ectoplasmisque invisible à l’œil nu. C’est alors au sein d’un cercle vicieux incarnant la prédominance des violences sexuelles que le spectateur se retrouve projeté, l’aspect contemporain du film le rendant presque aussi vulnérable que les femmes hantées du long-métrage. L’effroi n’est pas d’un autre monde, il est ancré au sein du notre, la véritable malédiction de ces femmes est d’être à la merci d’hommes souhaitant disposer de leurs corps, qu’ils soient fantomatiques ou de chair et d’os.

Le choix de Victor Van de Kadsye

Avec son nouveau long-métrage, Wes Anderson poursuit ce qu’il a commencé depuis Grand Budapest Hotel : une vision décalée d’un monde en proie à toute ses violences, subie par des protagonistes désireux d’y préserver une infime part de beauté. Dans The Phoenician scheme, une jeune nonne (Mia Threapleton) va tenter de rendre plus noble les affaires corrompues de son père, magnat richissime (joué par Benicio Del Toro), en se voyant devenir héritière de sa fortune et de la poursuite d’un projet industriel nébuleux. Une dimension mystique alors apportée à l’oeuvre du cinéaste, à travers une course-poursuite brutale et peu avare en humour noir. Une nouvelle facette du cinéaste se dévoile, refusant alors de sombrer dans l’auto-parodie que certains peuvent lui décrier injustement.

Le choix de T.P

partir un jour

C’est un bien maigre mois de mai en termes de sorties, pendant que les projecteurs (et l’essentiel de notre énergie) étaient concentrés sur la Croisette. Sorti en salle en simultané de sa présentation mondiale, Jeunes mères n’a fait que confirmer le lent déclin des frères Dardenne, avec un film bien peu inspiré. C’est finalement le film d’ouverture, le charmant et doux-amer Partir un jour, qui vaut certainement le plus le détour dans les salles obscures, pour peu que l’on goûte à la fibre nostalgique et décalée d’Amélie Bonnin. Ollie et The Shameless, malgré leurs imperfections et la dureté de leur sujet, méritent également la découverte.