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QUATRE NUITS D’UN RÊVEUR

Une nuit, à Paris, Jacques sauve Marthe d’un saut tragique du Pont-Neuf. Alors qu’ils se livrent l’un à l’autre, ils décident de se revoir. Durant quatre soirées, Jacques réalise qu’il tombe profondément amoureux. Mais qu’en est-il des sentiments de Marthe à l’égard de Jacques ?

Critique du film

Avec Quatre nuits d’un rêveur, tourné en 1971, entre Une Femme douce et Lancelot Du Lac, Robert Bresson proposait une adaptation assez libre des Nuits blanches, œuvre de Dostoïevski, déjà mise en images, de manière fort différente par Luchino Visconti, en 1957, avec Marcello Mastroianni, Maria Schell et Jean Marais. Robert Bresson avait déjà transposé à l’écran un autre écrit du grand auteur russe avec Une Femme douce.

Jacques, un jeune homme artiste peintre joué par Guillaume Des Forêts, qui évoque beaucoup Jean-Pierre Léaud par le physique et le jeu d’acteur, rencontre une nuit Marthe qui s’apprêtait à se jeter dans la Seine depuis le Pont-Neuf. Jacques s’éprend de Marthe qui se confie à lui et sur sa relation avec un autre homme, locataire de la mère de la jeune fille. 

Quatre nuits d’un rêveur, film d’une grande délicatesse et aux embruns de mystère, évoque les affres de l’amour avec une sensibilité qui n’exclut pas une certaine lucidité quant à la cruauté de certaines histoires sentimentales, à la brûlure silencieuse, indicible de celui qui aime peut-être sans retour. Jacques aime Marthe, il l’a sauvée de sa tentative de suicide, cela n’oblige pas la jeune femme à l’aimer, mais cette rencontre nocturne qui aurait pu tourner au drame n’était-elle pas le signe du destin ?

quatre nuits d'un rêveur

Marqué par des errances nocturnes et évoquant la désillusion, pas uniquement sentimentale, mais aussi celle d’une génération qui a connu 1968, a cru en une révolution, une métamorphose du monde et des rapports humains. Mais la solitude est toujours présente et également l’incommunicabilité, l’impossibilité d’assouvir une attirance et un amour absolus. Il s’agit d’une histoire désespérée et dont émane une sourde violence, feutrée, mais bien réelle. 

Très beau par ce qu’il dit, montre, toujours par petites touches, le film bénéficiait du travail de Pierre Lhomme, grand chef opérateur et comporte une certaine forme de sensualité. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 1971, le film est resté longtemps invisible. Il a profondément touché des cinéastes cinéphiles avertis comme Wim Wenders, Paul Schrader ou Jia Zhangke.

Bande-annonce

19 février 2025 (restauration 4K)