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MON PÈRE AVAIT RAISON

C’est l’histoire d’une dynastie bourgeoise. C’est une forme d’égoïsme qui se transmet de père en fils et qui fait dire à chacun: « Mon père avait raison! ». C’est un film qui peut, en une phrase se résumer ainsi: « Il n’est pas étonnant que les enfants ressemblent à leur père, puisque tous les hommes sont pareils. » Et l’on peut dire aussi que c’est histoire d’un homme qui a cru comprendre enfin que quand on est malheureux, on ne fait le bonheur de personne. Il lui apparaît que le mot « égoïsme » est en général employé à contre-sens. Être égoïste, à ses yeux, cela signifie: « Rendre heureux ceux qui vous entourent pour jouir du spectacle quotidien de leur bonheur. » Les événements lui donnent raison – et il devient tellement heureux que son entourage s’en inquiète, et même, un instant se demande s’il n’est pas devenu fou !

Critique du film

Réalisé en 1936, année productive pour Sacha Guitry qui réalise quatre longs-métrages à cette période, Mon père avait raison fait suite au mémorable Le roman d’un tricheur et nous offre l’adaptation cinématographique d’une des pièces du réalisateur, écrite dix-sept ans plus tôt. Il s’agit très certainement d’une des œuvres le plus connues de Sacha Guitry, qui reste particulièrement emblématique de son univers et de ses thèmes de prédilection. Il y est question de l’amour, avec une dérision et un humour salvateurs qui permettent de mieux appréhender l’existence, du mariage et d’une vision assez désabusée de la vie.

La scène d’ouverture, qui voit un homme joué par Sacha Guitry sermonner son fils qui vient le perturber alors qu’il était seul dans son bureau – pour travailler ou pour le plaisir de s’isoler ? –, s’avère particulièrement savoureuse. Le père fait la leçon à son fils, semble s’agacer de ses nombreuses questions, bien naturelles et fréquentes chez un enfant de cet âge, et peut paraître peu patient et égoïste. Mais, très vite, reviennent au galop tendresse paternelle et chaleur humaine. Le père est trop content de pouvoir transmettre sa philosophie de vie, sa conception de l’existence à cet enfant qu’il aimerait un peu endurcir pour lui rendre service, pour qu’il ne souffre pas trop quand il sera confronté à la dure réalité. 

Le personnage principal a ensuite un entretien avec son propre père, un homme à qui l’âge confère une certaine sagesse, un détachement et une forme d’insouciance apparente. Puis, il aura une conversation téléphonique avec son épouse. Elle lui annonce qu’elle le quitte. Il décide alors d’élever seul son fils, renonçant à le mettre en pension comme prévu. Les années passent et nous les retrouvons alors que le fils est devenu un jeune homme confronté aux débuts de sa vie amoureuse. Et le père peut considérer avec recul ce que son propre père avait cherché à lui inculquer…

Prônant un « égoïsme sain », une attitude qui selon lui permet d’être soi-même heureux, et donc de rendre heureux ceux qu’on aime, le héros de Guitry adopte une attitude qui n’a rien de superficielle ou d’irréfléchie. Au contraire, il s’agit d’une philosophie de vie mature, adulte et qui rejette l’hypocrisie. L’humour et la singularité du cinéma de Sacha Guitry sont ici à leur apogée, avec tout ce que cela inclut d’aspect littéraire et parfois d’un peu suranné. Les acteurs s’en donnent à cœur joie, l’auteur le premier dans ce film qui fait alterner légèreté et profondeur sans s’appesantir inutilement. 


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Mon père avait raison est à nouveau visible en salles depuis le 1er novembre, dans le cadre d’une rétrospective qui compte onze films, Le Génie Guitry : celle-ci nous offre la possibilité de revoir certains des meilleurs films de ce grand réalisateur.



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