PRIMITIFS
Au cœur de la forêt, vit une famille de bigfoot. Ces créatures atypiques, peut-être les dernières de leur espèce, se lancent dans un voyage absurde, hilarant et émouvant. Dans cette quête semée d’embûches, échapperont-ils à la civilisation moderne ?
Critique du film
Voilà déjà 13 ans que le Champs-Élysées Film Festival célèbre et défend le cinéma indépendant français et américain. Suite à la fermeture récente de l’UGC Normandie, l’une des salles emblématiques de la « plus belle avenue du monde », cette 13e édition poursuit l’ambition passionnée et fédératrice du festival. Elle s’est ouverte sur la première française du nouveau film, pour le moins inattendu, des frères David et Nathan Zellner. Ce duo de cinéastes (mais aussi scénaristes, producteurs et acteurs) américains est habitué aux festivals de cinéma du monde entier, dont Sundance et la Berlinale. Après leur western Damsel (2018), mettant en scène Robert Pattinson et Mia Wasikowska, les « Zellner Bros » sont de retour avec un film qui explore une toute autre facette de l’histoire des États-Unis : la légende des bigfoots.
Lors de la projection, les cinéastes ont déclaré avoir toujours été fascinés par ce mythe, d’une part car c’est l’un des rares de leur jeune pays, mais aussi en raison de son lien avec la nature. Les bigfoots (ou sasquatch) sont des créatures humanoïdes légendaires qui vivraient au Canada et aux États-Unis. Perçus comme des géants mythiques ou même des survivants de la Préhistoires et très présents dans la culture populaire, ils font partie du folklore du pays. Avec Jesse Eisenberg et Riley Keough au casting, ainsi que l’implication d’Ari Aster en tant que producteur exécutif, Primitifs bénéficiait, bien avant sa sortie, d’une aura intrigante et prometteuse.
Avec ce film d’une heure et demi sans autres dialogues que les cris qui résonnent dans les montagnes majestueuses d’Amérique du nord, poussés par des acteurs ensevelis sous les poils, David et Nathan Zellner ont le mérite d’avoir concrétisé un projet assez fou. Primitifs nous plonge dans le quotidien d’une famille de bigfoots, rythmé par l’assouvissement de leurs besoins primaires : manger, dormir, survivre et se reproduire. Les activités de ces créatures sont plus d’une fois tournées en ridicule, avec un humour qui implique très souvent la présence de fluides corporels à l’écran. Entre le rire, la gêne et le dégoût, on se surprend à éprouver de l’empathie pour ces personnages que l’instinct bestial ne protège pas d’une certaine candeur. Rapprocher l’humain de ses origines animales, nous faire prendre le temps de contempler la nature, d’y considérer notre place, notre impact : si Primitifs a du cœur, le propos du film nous semble quelque peu naïf et simpliste.
Comédie crue et dépourvue de subtilité, Primitifs ne fera sans doute pas l’unanimité. Là où le rire jaillit facilement, l’émotion émerge avec plus de difficulté, comme piégée sous les lourds costumes. On sort de cette odyssée insolite amusés, sans en être profondément marqués.