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SANS JAMAIS NOUS CONNAÎTRE

A Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a grandi. Arrivé devant sa maison d’enfance, il découvre que ses parents occupent les lieux, et semblent avoir le même âge que le jour de leur mort, il y a plus de 30 ans.

CRITIQUE DU FILM 

Pour ouvrir sa 29ème édition et sa sélection éclectique célébrant l’amour, la liberté, l’audace et bien plus encore, Chéries Chéris, le festival parisien du film LGBTQI & +++, nous a offert l’un des films les plus attendus de l’année 2024. Librement adapté du roman Strangers de Taichi Yamada, Sans jamais nous connaître marque le retour du réalisateur britannique Andrew Haigh au cinéma, six ans après La route sauvage. Le long-métrage réunit les deux acteurs irlandais les plus appréciés du moment, Paul Mescal (Aftersun, Normal People) et Andrew Scott (Fleabag, Pride), dans une fable sur l’amour et la solitude où s’entrecroisent des fantômes. 

Shall we go home ? 

Sans jamais nous connaître s’intéresse à un moment étrange de la vie d’Adam (Andrew Scott), un écrivain solitaire vivant dans un immeuble londonien quasiment inoccupé et passant ses soirées devant de vieilles émissions télévisées. Alors qu’il semble avoir atteint les confins de la solitude, Adam se rend dans sa maison d’enfance, où l’attendent ses parents, pourtant décédés lorsqu’il avait douze ans. En parallèle, il entame une relation amoureuse avec Harry (Paul Mescal), son unique voisin. Ces deux rebondissements dans la vie d’Adam semblent, à première vue, placer le protagoniste devant un carrefour temporel et existentiel le confrontant à son passé et à son futur. 

Si le long-métrage emprunte énormément au mélodrame, Andrew Haigh dose savamment la mélancolie et le surnaturel pour créer une atmosphère aussi douce que mystérieuse. On évolue au gré du film avec la sensation de marcher sur un fil : on apprécie les moments de poésie d’une grâce aérienne, tout en redoutant qu’avec la chute, ne survienne la douleur. 

all of us strangers

The Power of Love 

L’amour qui est au cœur de Sans jamais nous connaître est aussi apaisant et beau que cruel et dévastateur. Le personnage d’Adam se voit offrir la chance de revivre un amour dont on l’a privé lorsqu’il était enfant, de retrouver le confort et la chaleur du cocon familial. Il allège aussi le poids de sa solitude en trouvant refuge dans les bras de Harry. Lorsque les deux hommes se rapprochent, on observe, comme une évidence, l’union parfaite de deux âmes en peine. L’alchimie entre Andrew Scott et Paul Mescal, tous deux saisissants, irradie à l’écran et leurs regards baignés de larmes nous transpercent en plein cœur.  

Mais il est commun que les personnages solitaires finissent par se bercer d’illusion, (comme on a pu le voir cette année dans Eternal Daughter de Joanna Hogg ou dans Le Ravissement d’Iris Kaltenbäck) et si Sans jamais nous connaître fait revivre des fantômes, c’est aussi pour brouiller les pistes entre mélancolie, souvenirs, regrets et pur fantasme. C’est à travers cette enveloppe singulière que le film dépeint pudiquement une solitude assourdissante. Et lorsque la voix du chanteur du groupe Frankie Goes To Hollywood nous raconte le pouvoir de l’amour, dans le titre qui ouvre et conclut le film, nous voilà emportés entre deux eaux, déchirés et apaisés. 

Bande-annonce

14 février 2024 – D’Andrew Haigh, avec Paul MescalAndrew ScottClaire Foy


Chéries Chéris 2023




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