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THE SWEET EAST

Lilian, jeune lycéenne, fugue durant un voyage sco­laire. Au fil de ses ren­contres, elle découvre un monde insoup­çon­né. Les frac­tures men­tales, sociales et poli­tiques des États-Unis, fil­mées comme un conte de fée ou une varia­tion d’Alice au pays des merveilles.

Critique du film

Auréolé du Prix du Jury et du Prix Louis Roederer de la Révélation au 49e Festival de Deauville, The Sweet East, premier long-métrage de Sean Price Williams, avait déjà marqué les spectateurs de la Quinzaine des Cinéastes en mai dernier. Et pour cause : imaginez qu’Alice, après avoir suivi le lapin blanc dans son terrier pour fuir l’ennui, se trouve confrontée aux radicalités les plus extrêmes et étranges de l’espèce humaine.

Sean Price Williams emprunte allègrement à l’œuvre de Lewis Carroll, du terrier au miroir, en passant par les rencontres les plus improbables. Il y a aussi un peu du Magicien d’Oz dans ce conte désenchanté qui se moque de lui-même et de ses spectateurs. Puisant dans les références populaires, le film parvient aussi à s’en détacher complètement, notamment en faisant de son héroïne, l’actrice de son histoire. Comme Alice, c’est l’ennui qui va pousser Lilian à partir à l’aventure à travers un monde sans foi ni loi, mais comme Dorothée, c’est toute une série de problèmes qu’elle va devoir résoudre avant de rentrer chez elle. Mais Lilian a la particularité de trouver et de quitter les ennuis quand elle et elle seule le décide. D’autre part, plutôt que de tendre vers une morale digne des contes de fées, The Sweet East s’abandonne à l’exploration de chemins de traverse dans les bas-fonds de
l’espèce humaine.

Du groupe de punks “artivistes” à la communauté de néo-nazis, Lilian trace son chemin, côtoyant de près les situations terrifiantes, mais évitant miraculeusement le danger. Il faut dire que l’héroïne possède une témérité à toute épreuve. Et si le film adopte volontiers un humour noir et une atmosphère malsaine, il parvient à illuminer le tout grâce à sa frénésie et à son ton irrévérencieux. Captivés par l’excellente Talia Ryder, introduite par une intrigante séquence chantée au début du film, on se laisse porter avec curiosité par l’énergie du récit, rythmé par des chapitres énigmatiques. Expérience étrange, inconfortable, inégale parfois, le voyage conté dans The Sweet East demeure imprévisible.

Bande-annonce

13 mars 2024De Sean Price Williams, avec Talia RyderSimon Rex


Cannes 2023 – Quinzaine / Deauville 2023 – Prix du Jury




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