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DERSOU OUZALA

En 1902, Vladimir Arseniev, officier-topographe, mène une expédition chargée d’explorer la région de l’Oussouri, en Russie orientale. Il y rencontre Dersou Ouzala, un chasseur qui connait parfaitement le territoire. Ensemble, les deux hommes affronteront une nature hostile et finiront par se lier d’amitié.

Critique du film

Lorsqu’il commence le tournage de Dersou Ouzala, en 1974 en Sibérie, Akira Kurosawa sort d’une période extrêmement compliquée, tant sur le plan artistique – son précédent film Dodes’ Kaden a connu un échec public et critique et le cinéaste n’était pas sûr de pouvoir retourner un jour – que personnel – problèmes de santé et tentative de suicide. Les studios soviétiques Mosfilm désirant travailler avec lui, Kurosawa leur a donc soumis la possibilité d’adapter les récits de Vladimir Arseniev, officier topographe russe qui avait relaté son périple dans la Taïga de l’Oussouri et sa rencontre avec un chasseur golde qui lui avait servi de guide. 

Dersou Ouzala, magnifiquement campé par Maksim Mounzouk auquel les producteurs ne voulaient pourtant pas confier le rôle au départ, rencontre Arseniev et ses hommes et, très rapidement, il se fait adopter comme guide. Sa perspicacité, sa connaissance de la nature et des éléments permet à Dersou Ouzala de tirer des conclusions sur les dangers, les pistes à suivre. Si le contact incessant du chasseur avec la Taïga l’a rendu « savant » et expert de ces contrées, il ne fanfaronne pas pour autant. Très marqué par la perte de sa famille, emportée par la variole, Dersou Ouzala se montre humble en toutes circonstances. Et respectueux également des animaux, qu’il ne faut tuer qu’à bon escient et de tous les êtres humains, même quand il s’agit d’inconnus. Il n’a pas besoin de prouver sa force, comme le font les soldats russes qui se livrent à des jeux brutaux pour tromper leur ennui. De même, le chasseur golde ne fanfaronne pas et avoue qu’il a peur quand c’est le cas. 

dersou ouzala

Le personnage de Dersou Ouzala, est particulièrement touchant, car intelligent et généreux. Ses vertus sont celles d’un homme qui a compris qu’on n’est rien tout seul et qu’on est trop fragile face aux éléments. Arseniev – interprété sobrement par Iouri Solomine – a suffisamment d’intuition et d’intelligence pour très vite accepter l’idée qu’il a autant à apprendre de son guide que l’inverse. Le troisième personnage de cette histoire c’est bien sûr la Nature elle-même, qui s’avère magnifique mais impitoyable, puissante et pouvant s’avérer destructrice pour ceux qui se montrent imprudents ou arrogants. Les incroyables couleurs de la végétation sont magnifiées par le talent de peintre d’Akira Kurosawa et certaines scènes paraissent irréelles, oniriques, come celle du lac gelé ou l’apparition d’un tigre vengeur qui vient traumatiser Dersou Ouzala. 

Incroyable histoire d’amitié entre deux hommes, récit d’initiation, fable écologique – sans pour autant tomber dans un écueil moralisateur – Dersou Ouzala est tout cela à la fois et a le charme des grands livres d’aventure, avec pléthore de scènes inoubliables parsèment le film, comme celle de la construction d’un abri de fortune alors que les éléments se déchaînent et mettent en péril la vie des deux hommes. 


On pourra revoir Dersou Ouzala sur grand écran, dès le 13 mars dans une superbe version restaurée et distribuée par Splendor Films.
La restauration, datée de 2011, était à ce jour inédite en salle.

Oscar du meilleur film étranger en 1976



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