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LA PASSAGÈRE

Chiara vit sur une île de la côte Atlantique, endroit où son mari Antoine a grandi. Ensemble, ils forment un couple très heureux et profondément amoureux. Elle a même appris le métier d’Antoine, la pêche, et travaille régulièrement à ses côtés depuis désormais vingt ans. L’arrivée sur l’île de Maxence, un nouvel apprenti, va bousculer l’équilibre de leur relation, ainsi que les certitudes de Chiara.

Critique du film

Sur un canevas qui pourrait paraître convenu, la réalisatrice Héloïse Pelloquet a réussi avec La passagère un très beau premier film qui sait habilement déjouer les clichés. On y suit les hésitations et le cheminement d’une femme qui vit une liaison adultère alors qu’au départ, elle ne semble pas forcément s’autoriser d’écarts dans son couple. Rien de malsain dans le comportement de cette femme qui est sûrement dépassée par l’appel de la jeunesse, par son appétit de vivre. Plus que le bonheur ou la sérénité, la femme jouée par Cécile de France aime sa liberté.

À la fois naturaliste, par sa description du milieu de la pêche, son refus d’une explication psychologique simpliste et son interprétation unanimement juste et sobre, La Passagère constitue une belle histoire de femme à la fois forte et vulnérable. Le milieu évoqué s’avère à la fois chaleureux et âpre. Chaleureux car on sent à priori une certaine solidarité entre les êtres qui partagent un métier rude et exigeant, celui de la pêche. Mais peut-être cette entente en apparence solide va-t-elle se fissurer.

Dans cette œuvre originale, il est également fait allusion à cette différence de traitement entre hommes et femmes, quand il s‘agit de poser un regard sur les « coups de canif » dans les contrats matrimoniaux. Regard indulgent pour la gent masculine, beaucoup moins compréhensif et bienveillant quand c’est une femme qui prend des libertés avec la fidélité promise. On ne dévoiera bien sûr pas la fin de cette histoire, précisons juste qu’elle se montre assez atypique, le principal pour Chiara n’étant peut-être pas la finalité de la relation, qu’il s’agisse de celle avec son jeune amant ou de celle avec son époux, mais le cheminement intérieur, la passion vécue librement et avec une forme d’honnêteté. La fin de ce premier long-métrage pourra désarçonner, voire intriguer, se voulant inattendue et rétive à toute explication simpliste.  

Le film bénéficie d’une ample mise en scène, faisant la part belle aux paysages de la côte Atlantique et de l’interprétation de Cécile de France, à la fois intense et énigmatique dans un rôle complexe qui refuse tous les clichés. Le reste de la distribution n’est pas en reste, qu’il s’agisse de Félix Lefèvre (Été 85) en jeune homme à la jeunesse et à la beauté provocante, de Grégoire Monsaingeon en époux trompé mais jamais ridicule, ni revanchard ou d’Imane Laurence en jeune femme pleine de vie. Cette dernière a un parcours de comédienne intimement lié à celui de la réalisatrice qui l’a fait tourner dans ses trois courts-métrages.


Edité par Blaq Out et disponible en DVD à compter du 16 mai, La Passagère comporte en supplément le troisième court-métrage de la réalisatrice Côté cœur

 




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