LES ENFANTS VONT BIEN
Un soir d’été, Suzanne, accompagnée de ses deux jeunes enfants, rend une visite impromptue à sa sœur Jeanne. Celle-ci est prise au dépourvu. Non seulement elles ne se sont pas vues depuis plusieurs mois mais surtout Suzanne semble comme absente à elle-même. Au réveil, Jeanne découvre sidérée le mot laissé par sa sœur. La sidération laisse place à la colère lorsqu’à la gendarmerie Jeanne comprend qu’aucune procédure de recherche ne pourra être engagée : Suzanne a fait le choix insensé de disparaître…
Critique du film
Après la belle révélation que fut Toni, en famille, Nathan Ambrosioni retrouve Camille Cottin pour Les enfants vont bien, présenté au 16ᵉ Festival de La Roche-sur-Yon après avoir triomphé au Festival d’Angoulême, où il a raflé plusieurs Valois. À seulement vingt-cinq ans, le cinéaste confirme une maturité rare et un goût prononcé pour les récits intimes, traversés par la tendresse, la perte et la résilience.
Le film s’ouvre sur une situation simple, en apparence anodine : une femme, Suzanne (Juliette Armanet), dépose ses deux enfants chez sa sœur aînée Jeanne (Camille Cottin). Elle ne donne pas d’explications et prétexte une envie spontanée. Pourtant, la cadette semble éviter de répondre. Alors que Suzanne espérait avoir une confession plus franche le lendemain, elle découvre au petit matin que sa sœur a disparu sans prévenir, ne laissant qu’une lettre. Récemment séparée de son épouse (Monia Chokri), le quotidien bien huilé de Jeanne est secoué. Femme indépendante et un peu désabusée, elle se retrouve soudain confrontée à une responsabilité qu’elle fuyait (celle d’avoir des enfants), mais aussi à la peur, l’inquiétude face à ce choix soudain d’une soeur dont elle s’était éloignée. Pour elle, cette absence est un mystère, une plaie ouverte dont le film explore les échos avec douceur.
Ambrosioni filme les zones grises des relations familiales : la colère et la tendresse, l’absence et la reconstruction. Comme dans Toni, en famille, il fait confiance au temps, à l’indicible plutôt qu’à la démonstration. Son écriture, précise et sensible, esquisse des émotions profondes sans jamais les forcer. Les enfants vont bien avance à pas feutrés, préférant la pudeur au mélodrame, l’observation à la leçon de vie.

Camille Cottin, invitée d’honneur du festival vendéen, signe l’une de ses plus belles performances. Forte et vacillante, elle capte avec justesse la complexité d’une femme qui apprend à aimer autrement et se découvre des capacités insoupçonnées. Juliette Armanet, surprenante dans un rôle plus fragile que celui de Partir un jour, insuffle un trouble magnétique avant de peser sur le film par son absence, tandis que Monia Chokri, l’ex-compagne, apporte une respiration bienvenue au récit. Son personnage, à la lisière, agit comme un ancrage émotionnel où se révèlent les fêlures de Jeanne, lui offrant son réconfort et son soutien, comme un prolongement de l’amour qu’elles ont partagé durant des années.
Dans un paysage souvent saturé de drames familiaux formatés, Les enfants vont bien se distingue par sa sincérité et son regard tendre sur l’humain, même s’il ne retrouve pas forcément le bel élan émotionnel de ses premières séquences. Nathan Ambrosioni poursuit ici sa belle trajectoire, celle d’un cinéaste dont la sensibilité et la confiance accordée à ses histoires et ses actrices éclairent chaque séquence.
Bande-annonce
3 décembre 2025 – De Nathan Ambrosioni






