FLORA AND SON
Mère célibataire, Flora ne sait plus comment s’y prendre avec Max, son fils adolescent. Sur les conseils de la police, Flora cherche un hobby pour Max et tente de l’occuper avec une guitare acoustique. Avec l’aide d’un musicien, au creux de la vague, installé à Los Angeles, Flora et Max découvrent le pouvoir de la musique. Né de l’esprit musical de John Carney, « Flora and Son » explore le lien qui unit une mère et son film, en route vers une nouvelle harmonie.
Critique du film
Quand on s’apprête à regarder un film de John Carney, il faut accepter une chose : devoir se plier à un exercice sentimental où les conflits sont automatiquement résolus à grand coups de créations musicales. C’est ce que l’on constatait dans le précédent film du réalisateur, Sing Street, où ce qui était initialement la création d’un groupe de musique pour impressionner une fille est devenue un pur récit de coming-of-age sur l’émancipation. Dans une démarche plus hollywoodienne, New-York Melody remettait en selle la vie d’un producteur de musique (Mark Ruffalo) et d’une chanteuse (Keira Knightley) par le prisme de la comédie romantique et des scènes musicales. Une certaine candeur, donc, qui peut plaire ou être rejetée. Flora and Son, nouveau film du réalisateur, ne déroge pas à la règle.
À l’instar de Sing Street et Once, Carney place son histoire dans les terres irlandaises et raconte l’histoire de Flora, une mère célibataire, qui élève en garde partagée un adolescent turbulent avec un ex-mari anciennement membre d’un groupe de rock. Son quotidien, oscillant entre baby-sitting et vie de famille compliquée, se voit brusqué lors de l’apparition d’une guitare en pleine décharge. Initialement envisagé comme un outil de réparation pour le quotidien de son fils, qui le rejette immédiatement, la guitare va alors devenir une nouvelle expérience dans la vie de Flora. Souhaitant être appréciée pour quelque chose, la guitare semble être la solution pour elle. Une solution presque évidente, puisque tout le monde peut devenir un artiste selon la vision de Carney. Dublin est représenté tel un immense vivier d’artistes qui auraient grandis avec les films du cinéaste, comme en témoignent les scènes de chants dans les cafés-concerts mais surtout celles où les ami.e.s du fils de Flora s’amusent à faire un clip de rap avec leurs smartphones. Seulement voilà, jouer de la guitare n’est pas une chose évidente.
Flora and Son devient alors un apprentissage, par le biais de scènes de cours à distance avec un guitariste américain incarné par Joseph Gordon-Levitt, également connu pour ses talents musicaux. La magie John Carney tente de réapparaître alors et les envolées musicales laissent la porte ouverte à une romance entre ces deux personnages, cela étant représentée symboliquement par l’arrivée dans le cadre du personnage masculin, qu’on ne voyait auparavant qu’à travers des conversations Zoom. La formule Carney semble réapparaître à nouveau, quitte à provoquer la lassitude. Ce remède au cynisme finit par perdre de son charme tant on pense facilement prévoir le déroulement.
Toutefois, le film nous prend rapidement au dépourvu en montrant que les choses peuvent être plus compliquées qu’elles ne le sont. L’accentuation du récit vers les complications familiales fait que Flora & Son devient par moment un drame sur l’acceptation de soi et la transmission d’un art, ce qui ne l’empêche pas de conserver son lot d’espoir, comme le montre la trajectoire de Max, fils turbulent cherchant un sens à sa vie. Malgré un sentiment de déjà-vu, on se laisse tout de même emporter par la tendresse de ce récit, un film doux-amer (mais surtout doux), porté alors par le talent de Eve Hewson.