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MON CHER PETIT VILLAGE

Oti, ouvrier un peu naïf, vit dans la maison qu’il a héritée de ses parents, dans son petit village de Bohème. Son patron, Praguois, voudrait bien se l’approprier pour en faire une luxueuse maison de campagne et lui propose en échange un appartement dans la capitale. Tout le village se ligue contre ce marché de dupe, chacun pour des raisons qui lui sont propres.

Critique du film

Réalisé en 1985, Mon cher petit village de Jiri Menzel met en scène toute une galerie de personnages d’un petit village tchèque. Et en premier lieu un duo d’hommes qui travaillent ensemble : Pavek, un brave homme bienveillant qui conduit le camion de la coopérative et son assistant, Otik, un homme innocent, voire un peu simple d’esprit. De ce tandem bizarrement assorti, Jiri Menzel organise un jeu corporel qui repose beaucoup sur l’antagonisme physique des deux travailleurs : l’un petit et rondouillard, Pavek et l’autre, grand et dégingandé – Otik.

Le personnage Otik est un peu simple d’esprit, totalement innocent. Quand il lui arrive un incident inattendu comme d’être recouvert de sable dans un camion, il semble le prendre avec philosophie. Il parait protégé à la fois par la bienveillance de certaines personnes de son entourage et par son appétit de vivre, sa joie d’être dans le présent et la positivité. Or, il se trouve que le directeur de la fabrique aimerait s’emparer de la maison d’Otik et envoyer ce dernier loin du village, dans une ville où on lui trouverait un appartement. Et comme Pavek est parfois fatigué des maladresses de son assistant, cela pourrait sonner la fin de la vie heureuse pour le jeune homme. Cette situation va révéler dans l’entourage des profils bien différents, certains bienveillants, d’autres moins. 

On trouve beaucoup d’humour dans Mon cher petit village, de cet humour absurde propre aux pays d’Europe de l’Est, mais aussi une peinture des différents profils psychologiques qui se révèlent quand une personnalité vulnérable devient victime. Beaucoup se montrent protecteurs et souhaitent tirer Otik d’affaire. D’autres y voient une bonne aubaine. Une autre forme d’humour est très présente, axée sur le burlesque ou la pantomime. Ce mélange de différentes formes d’expressions humoristiques lui a d’ailleurs valu au film le Grand Prix du Festival de Chamrousse en 1987. 

On appréciera enfin le personnage savoureux du docteur joué par Rudolf Hrusinsky, formidable acteur familier des amateurs du cinéma tchèque. Récitant Le Dormeur du Val de Rimbaud, multipliant les froissements de tôles ou les accidents quand il prend le volant, son personnage décalé est l’un des atouts essentiels de cette œuvre attachante où toute la tendresse coutumière de Jiri Menzel rayonne sur les personnages, tout en dénonçant certains travers de la société tchèque de l’époque. 


Nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, à la fois drôle et mélancolique, Mon cher petit village est disponible en DVD édité par Malavida depuis le 18 octobre, dans une très belle restauration et accompagné d’un livret de 16 pages très détaillé qui revient sur la genèse du film.  

 




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