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CHILI 1976

Chili, 1976. Trois ans après le coup d’État de Pinochet, Carmen part superviser la rénovation de la maison familiale en bord de mer. Son mari, ses enfants et petits-enfants vont et viennent pendant les vacances d’hiver. Lorsque le prêtre lui demande de s’occuper d’un jeune qu’il héberge en secret, Carmen se retrouve en terre inconnue, loin de la vie bourgeoise et tranquille à laquelle elle est habituée.

Critique du film

Le film se passe au moment où la dictature d’Augusto Pinochet est à son apogée, avec son lot de disparitions d’opposants, de tortures et de meurtres d’état. Femme de la bourgeoisie chilienne, épouse d’un médecin et à la vie rangée, Carmen est sollicitée par une de ses connaissances, un prêtre, qui lui demande de s’occuper d’un homme qui a été blessé. Mais il ne lui révèle pas tout de l’origine de la blessure de cet homme, pas plus qu’il ne lui explique qu’il s’agit d’un opposant au régime. 

Carmen va alors être confrontée à une vérité, celle d’un pays en pleine dictature, alors qu’elle n’avait peut-être pas totalement intégré ce point de vue, à cause de la propagande, ou du fait de son propre aveuglement. Cette femme va également être contrainte de mentir à sa famille et de prendre des risques pour permettre au jeune homme dont elle s’occupe de communiquer avec d’autres personnes. 

Dès le début de ce premier long-métrage de Manuela Martelli, le personnage principal entend l’appel au secours d’une personne qu’on enlève. On ne verra dans cette histoire aucune image de violence ou de torture. C’est plutôt une menace insidieuse qui sourd tout au long de ce film réalisé de main de maître, qui bénéficie d’une reconstitution très soignée, d’une photographie et d’un sens du cadre utilisés avec intelligence et de la formidable interprétation d’Aline Küppenheim. Du travail sur la photographie aux passages musicaux oppressants, tout concourt à faire de Chili 1976 un alliage de thriller politique et de drame intimiste très réussi. 

Le courage ordinaire de ce personnage de femme d’une classe aisée qui prend conscience des luttes du peuple et qui se retrouve dans des situations effrayantes – avec le risque de subir le même sort que des opposants – nous apparaît lors de scènes où elle se retrouve objet de filatures ou de menaces déguisées. Une certaine classe sociale chilienne considérait le gouvernement de Pinochet comme un mal nécessaire pour éradiquer les risques du communisme. Le malaise qui prend Carmen lors d’un périple en bateau, en compagnie de son mari et d’un couple d’amis, est-il vraiment lié à son mal de mer ou à la brusque révélation d’appartenir à une élite qui se désintéresse du sort de ceux qui souffrent et se révoltent ? 


Sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes à Cannes, Chili 1976 est disponible en DVD, édité par Blaq Out depuis le 21 novembre. En supplément, on pourra découvrir un débat avec la réalisatrice, Manuela Martelli, au cinéma L’Ecran de Saint-Denis.

 




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