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JOHN HUSTON : LE MALIN & AU-DESSOUS DU VOLCAN

John Huston avait une prédilection pour les grands textes littéraires. Sa riche carrière cinématographique, qui se termina sur l’adaptation d‘une nouvelle de James Joyce – Gens de Dublin – le vit mettre en images des auteurs aussi prestigieux que Dashiell Hammett, Herman Melville ou Rudyard Kipling. La dernière partie de son œuvre compta notamment deux films que l’éditeur Carlotta sort pour la première fois en blu-rays avec de nouveaux masters restaurés haute définition. Il s’agit de réalisations de 1979, Le Malin, et de 1984, Au-dessous du volcan, deux œuvres singulières, intenses et radicales



Le Malin, adaptation de La Sagesse dans le sang de Flannery O’Connor met en scène un jeune homme révolté et tourmenté qui décide de créer sa propre église dans une Amérique hantée par des personnages autodestructeurs et des prédicateurs imposteurs ou escrocs.  Hazel Motes, le personnage principal interprété par Brad Dourif, marqué par son grand-père – que joue John  Huston – lui-même prédicateur, semble à la recherche d’une certaine forme de vérité et d’honnêteté. Son parcours, chaotique et qui peut sembler incohérent le fait pourchasser de sa vindicte un prédicateur étrange  et sa fille – Harry Dean Stanton et Amy Wright – et lui fera rencontrer un jeune marginal, Enoch, qui s’attache un temps à ses pas.

Le climat du Malin, très bizarre, très noir mais non dénué d’un humour parfois absurde, est amplifié par la composition hallucinée de Brad Dourif, la musique dissonante d’Alex North et le jusqu’au boutisme de cette histoire d’autant plus dérangeante que jamais la mise en scène de John Huston ne vient en souligner lourdement l’inquiétante étrangeté.  

Au dessous du volcan film

Au-dessous du volcan, d’après le roman de Malcolm Lowry que beaucoup ne découvrirent qu’avec l’adaptation qu’en fit John Huston, qui suscita un vif intérêt et fut présenté en compétition au Festival de Cannes en 1984, fit l’objet d’une soixantaine de tentatives de films. Il s’agit de la chute d’un homme le jour de la fête des morts dans une petite ville du Mexique en 1938. Ex diplomate de Grande Bretagne, Geoffrey Firmin, rongé par la culpabilité d’une faute impardonnable selon lui et commise durant la guerre – a-t-elle réellement eu lieu ? – et dévasté par le départ de sa femme, se réfugie dans l’éthylisme le plus destructeur. L’alcool qu’il absorbe à fortes doses, semble moins être un paradis artificiel qu’un enfer bien réel qu’il s’inflige.

L’inéluctable et tragique destin de cet homme qui va se sceller en moins d’une journée constitue la trame de ce film porté par la prestation impressionnante d’Albert Finney qui trouvait sûrement là un de ses rôles les plus marquants et autour duquel on retrouve Jacqueline Bisset, Anthony Andrews, Katy Jurado et Ignacio Lopez Tarso. Et là aussi la partition d’Alex North vient souligner le déséquilibre d’un homme en proie à une folie qui n’est peut-être qu’une forme de lucidité extrême. 

Ces deux chefs d’œuvres réalisés en dehors du système des grands studios, avec un bel esprit de liberté et la fidélité respectueuse d’un grand amoureux de la littérature ont en commun des performances d’acteurs mémorables, des personnages principaux dont la soif d’absolu se heurte à un monde en déliquescence.

 


 Le Malin et Au-dessous du volcan sont disponibles depuis le 7 avril dans de belles éditions Carlotta

Suppléments du film Le Malin : Préface de Patrick Brion / Hazel, le révolté (19 minutes) / Bande-annonce originale. Suppléments du film Au-dessous du volcan : Préface de Patrick Brion / Conversation avec John Huston (19minutes) / Au-dessous du volcan : l’ivresse lucide (19 minutes) / Notes sur Au-dessous du volcan (59 minutes) / Bande-annonce originale

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