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LE TEMPS D’AIMER

1947. Sur une plage, Madeleine, serveuse dans un hôtel restaurant, mère d’un petit garçon, fait la connaissance de François, étudiant riche et cultivé. La force d’attraction qui les pousse l’un vers l’autre est à la mesure du secret dont chacun est porteur. Si l’on sait ce que Madeleine veut laisser derrière elle en suivant ce jeune homme, on découvre avec le temps, ce que François tente désespérément de fuir en mêlant le destin de Madeleine au sien…

CRITIQUE DU FILM

Katell Quillévéré, réalisatrice et scénariste reconnue pour sa capacité à aborder les thèmes de l’intimité et des relations humaines avec une grande sensibilité, continue d’explorer les complexités de l’âme humaine dans Le Temps d’aimer, présenté dans la section Premières lors du festival de Cannes 2023. Après Suzanne (2013), un drame bouleversant avec Sara Forestier et Adèle Haenel, et sa belle adaptation de Réparer les vivants, Quillévéré confirme qu’elle est devenue une auteure incontournable, capable de capturer les moments de fragilité et de quête personnelle avec une rare justesse.

Son nouveau long-métrage suit le personnage de Madeleine (Anaïs Demoustier), une jeune mère travailleuse et combative, qui va vivre une relation passionnée mais compliquée avec François (Vincent Lacoste), un homme avec qui elle explore ses désirs et sa liberté amoureuse. Mais leur histoire se confronte aux réalités sociales et personnelles qui les empêchent de vivre pleinement leur amour. Parce que Madeleine fait partie de ces femmes qui ont « trahi » durant la seconde guerre mondiale, elle a été humiliée et rejetée, puis contrainte de fuir pour tenter de reconstruire sa vie ailleurs. François, de son côté, refoule ses préférences sexuelles, dans une France qui perçoit encore l’homosexualité comme une perversion et un pêché, et vit lui aussi dans la fuite – celle de qui il est véritablement.

Le temps d'aimer

À travers ce lien complexe et cet amour qui transcende les règles sociales et s’affranchit des normes étouffantes, ce mélodrame élégant raconte la liberté d’aimer et la quête de soi, avec la même finesse à laquelle son auteure nous a habitué-e-s. Son film, baigné dans une lumière douce et tamisée, se fait presque tactile, comme si l’on pouvait ressentir la chaleur des corps ou l’émotion brisée des protagonistes. Ce travail sur la mise en scène imprègne la pellicule d’une atmosphère sensorielle qui magnifie les silences et les non-dits, et qui permet de saisir toute la diversité des émotions en jeu.

L’interprétation d’Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste est exceptionnelle. Dans le rôle de Madeleine, l’actrice incarne avec subtilité cette femme à la fois fragile et déterminée, laissant transparaître ses doutes et ses désirs. Vincent Lacoste, quant à lui, campe François avec une sensibilité poignante. Il réussit à rendre son personnage à la fois émouvant et résolument humain. Ensemble, ils forment un duo parfait, porteur d’une tension émotionnelle qui se manifeste dans la douce complexité de leur relation.

Katell Quillévéré, une fois de plus, livre une œuvre remarquable, qui sonde les zones grises et émeut par l’intelligence de son écriture. Le temps d’aimer est une réflexion sur le droit à l’amour dans sa plus pure expression, sans jugement ni contrainte, un appel à la liberté d’aimer tel que l’on est, et sans se cacher.

Bande-annonce

29 novembre 2023 – De Katell Quillévéré, avec Anaïs Demoustier, Vincent Lacoste et Paul Beaurepaire.


Cannes 2023 – Cannes Première


Disponible sur Ciné+ OCS