DIAMANT BRUT
Critique du film
Il est rare de retrouver en compétition officielle un premier film, encore moins d’une réalisatrice. Une telle exposition peut représenter un tremplin incroyable pour un-e jeune auteur-e, comme un risque d’être confronté-e à la sévérité des retours critiques et l’exigence des attentes des festivaliers. En cela, la présence de Diamant brut d’Agathe Riedinger représentait un motif d’espoir (malgré une parité encore bien loin d’être atteinte), pouvant mettre à l’honneur une nouvelle génération qui mérite d’être mise en lumière.
Au coeur de son intrigue actuelle, la place qu’occupe les réseaux sociaux et la télé-réalité dans la vie de la jeunesse et un personnage que la caméra suivra presque partout : Liane, jeune femme pas complètement sortie de l’adolescence, qui rêve de façon obsessionnelle de devenir quelqu’un et d’être adulée, comme ses modèles des écrans. Alors, elle façonne sa plastique et son personnage, s’imagine déjà outre-Atlantique, observée et même adulée.
Diamant brut raconte autant une trajectoire que la poursuite désespérée d’une chimère, tant sa jeune protagoniste s’accroche à cet idéal factice comme la seule option apparente pour s’extraire de sa condition et du chaos familial. Liane porte en elle une rage qu’elle tente de transformer en détermination. Mais plus elle s’accroche à son fantasme, plus elle se fait mal. Et quand la désillusion se dessine à l’horizon, le masque commence à tomber, les apparences savamment façonnées s’effacent dans une scène touchante où la lionne redevient cet être fragile et cabossé qui espérait tant briller dans le regard des autres.
Son hypersexualisation, revendiquée comme une armure, contraste avec l’inexpérience sentimentale de son personnage. Son corps, son image et la personnalité qu’elle affiche, publiquement et surtout virtuellement, ne sont que des ingrédients façonnés pour se construire une carapace, qui finira par se fissurer face à la réalité, celle d’un monde cynique où la quête de célébrité embaume parfois l’esprit de celles et ceux qui espèrent contredire le déterminisme social.
Malgré quelques faiblesses, attendues pour une première oeuvre qui aurait trouvé une rampe plus bienveillante à la Semaine de la Critique, on ne peut que saluer la qualité de la direction d’acteurs et la prestation d’une Malou Khebizi habitée par le rôle. On regrettera toutefois que le film n’aille pas plus loin, comme ces promesses formulées qui ne sont pas vraiment tenues au final. Celles de cette première oeuvre, en revanche, invite toutefois à surveiller l’avenir et le nom de sa réalisatrice.
Bande-annonce
20 novembre 2024 – D’Agathe Riedinger
Avec Malou Khebizi, Idir Azougli et Andréa Bescond.