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EN FANFARE

Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…

Critique du film

En 2020, alors que la pandémie paralysait le monde et conduisait les organisateurs à annuler le festival de Cannes, une sélection particulière avait permis à certains films de sortir en salle avec un label « Cannes 2020 ». Ce fut le cas d’Un triomphe, précédent film d’Emmanuel Courcol avec Kad Mérad. Quatre ans plus tard, le réalisateur a cette fois eu les honneurs de présenter son nouveau long-métrage, En fanfare, en avant-première sur la Croisette.

Cette comédie dramatique débute par une mauvaise nouvelle. Thibault, chef d’oeuvre de renom, s’effondre en pleine répétition. Bientôt, il annonce à sa soeur qu’il est atteint d’une leucémie et qu’il doit trouver un donneur compatible pour recevoir de la moelle osseuse. Ses meilleures chances résident chez un proche, avec qui il partagerait des gènes. Mais, alors qu’il est contraint de mettre sa carrière en pause, cette recherche dévoile des secrets enfouis : Thibault apprend qu’il a été adopté. Bientôt, il découvre même qu’il a un petit frère, Jimmy, dont il a été séparé plus jeune.

Retrouvant la trace de ce parent génétique, qui n’a résolument pas eu la même vie que lui, c’est un véritable choc des cultures lorsque les deux hommes se rencontrent. Jimmy a eu une enfance modeste et a grandi dans leur ville natale, recueilli par une femme aimante et humble. S’il partage les mêmes gènes, tout les oppose sur le papier. Apprenant les raisons de leurs retrouvailles, une fois la nouvelle digérée, Jimmy accepte d’être son donneur, lui permettant de se soigner et, en quelques mois, de savourer une rémission inespérée.

En fanfare

Le destin et la maladie les ont réunis et Thibault traverse désormais une crise existentielle, souhaitant connaître ses origines et tenter de tisser un lien avec ce frère qui n’a pas eu les mêmes chances que lui. Il se sent presque redevable, au-delà du geste d’altruisme de Jimmy, vis-à-vis duquel il culpabilise. Pourquoi n’a-t-il pas grandi avec eux ? Pourquoi lui a-t-il pu profiter d’une enfance confortable et aisée, faire des études et vivre de sa passion, et pas son frère ? Car un point en commun les réunit : leur sens inné pour la musique. Thibault en est convaincu : son frère a l’oreille parfaite. Suite à la défection du chef de fanfare à laquelle Jimmy participe depuis des années, Thibault prend le relais avec pour objectif d’aider son cadet à prendre la suite et devenir conducteur de la troupe, lui qui demeure pudique et manque de confiance en lui.

Dramédie au capital sympathie indéniable grâce à son tandem de comédiens (Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin) et son potentiel rassembleur, En fanfare possède tous les ingrédients d’une comédie populaire dans le sens le plus noble : la tendresse, la drôlerie et le rythme. Sur fond de complexe de classes, de fratrie recomposée et de solidarité ouvrière, le film d’Emmanuel Courcol évite même de nombreux écueils, dont celui de la moralisation et du happy-end illusoire, et n’a pas besoin de verser dans le grotesque pour emporter la mise.


27 novembre 2024 – D’Emmanuel Courcol, avec Benjamin LavernhePierre LottinSarah Suco


Cannes 2024 – Premières