DEBURAU
Le célèbre mime Deburau triomphe au théâtre. Il brise son mariage pour Marie, qui finit par le quitter. Amer, il attend le retour de sa maîtresse…
Critique du film
Sorti en 1951, six ans avant la mort de son réalisateur, Deburau de Sacha Guitry s’inspire très librement de la vie de Jean-Gaspard Deburau, célèbre mime du XIXᵉ siècle, déjà incarné par Jean-Louis Barrault dans Les Enfants du Paradis de Marcel Carné, grand succès de 1945. Ici, Deburau se montre particulièrement bavard et caustique, à l’image des personnages que Guitry affectionnait. Comme souvent chez lui, le générique d’ouverture voit le maître présenter lui-même son équipe : les comédiens, les producteurs, la script, mais aussi l’ensemble des techniciens, auxquels il rend hommage.
Adapté de la pièce écrite par Sacha Guitry en 1918, Deburau appartient à la dernière période de sa filmographie, marquée par un humour vif, un verbe brillant et une certaine mélancolie. D’abord pièce en vers libres en quatre actes et un prologue, l’œuvre devient à l’écran un film porté par des dialogues étincelants et la vivacité d’esprit de son protagoniste — incarné par Guitry lui-même — dont la fragilité affleure face à l’infidélité de sa femme, Marie Duplessis. Cette dernière, jouée par Lana Marconi (dernière épouse de Guitry et héroïne de la plupart de ses films), est elle-même inspirée d’une figure historique : la courtisane qui inspira à Alexandre Dumas fils La Dame aux camélias.
Guitry compose le portrait d’un artiste célèbre et reconnu à plusieurs étapes de sa vie, de la gloire au déclin. Le film aborde la question de la transmission, Deburau ayant un fils décidé à suivre ses traces — non sans susciter la jalousie et l’orgueil du père. Sacha Guitry et Lana Marconi sont entourés de fidèles du cinéaste, tels Robert Seller ou Jeanne Fusier-Gir, cette dernière incarnant un savoureux personnage de diseuse de bonne aventure, tentatrice et briseuse de ménages.
Œuvre moins connue dans la filmographie de Guitry, Deburau conserve plus de soixante-dix ans après sa sortie tout son charme, sa finesse et sa vivacité d’esprit.






