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THE INDIAN RUNNER

1968, Plattsmouth au Nebraska. Joe et Frank Roberts, deux frères jadis très proches, sont à un tournant de leur vie. Joe, fermier raté, est devenu policier. Frank, lui, revient du Vietnam. Joe prône les valeurs traditionnelles de son pays tandis que Frank cherche un sens qui ne soit pas absurde à sa vie. « Indian Runner » est inspiré d’une vieille légende indienne sur l’épreuve que doivent passer les jeunes gens pour entrer dans l’âge adulte.

Critique du film

Au début des années 80, alors en couple avec la sœur de Bruce Springsteen, Sean Penn appelle ce dernier en pleine nuit pour lui demander s’il peut porter à l’écran Highway Patrolman. S’il a toujours refusé qu’on adapte ses chansons, Springsteen ne fait pas grand cas de la requête du tout jeune et passablement éméché Sean Penn, et accepte. Huit ans plus tard, celui qui s’est désormais fait un nom comme acteur revient vers Springsteen avec le scénario de The Indian Runner sous le bras pour lui faire honorer sa promesse. Ainsi naît le premier film de Sean Penn en tant que réalisateur.

Dans l’Amérique profonde des années 1960, The Indian Runner raconte l’histoire de deux frères proches dans l’enfance mais qui ont suivi des trajectoires opposées. Joe est resté dans sa ville natale, proche de ses parents, il a fondé une famille et exerce le boulot alimentaire de policier après avoir échoué à devenir fermier. Franck, après une adolescence turbulente, est parti pour le Vietnam et, à son retour, se retrouve rapidement à séjourner en prison. À la mort de leurs parents, Joe va tenter de remettre Franck dans le droit chemin.

The indian runner

Le film de Sean Penn est bien évidemment une peinture de l’Amérique des années 60 et de sa jeunesse perdue, mais il va au-delà et livre un message universel face à la violence générale du monde qui nous entoure, et la façon dont chacun·e va y réagir. Le film est dominé par une tension permanente où l’on sent que la violence peut éclater à tout moment, au point qu’il n’est finalement pas nécessaire à Sean Penn de verser dans la surenchère (la séquence des petits pois, vraiment perturbante, en est le meilleur exemple). Pour autant le réalisateur arrive parfaitement à ne pas faire tomber son film dans le pessimisme le plus total, et y insuffle un certain espoir en l’humanité.

La réussite du film tient énormément à l’écriture, très juste, des deux personnages principaux et aux interprétations irréprochables de David Morse et Viggo Mortensen. À voir The Indian Runner, on se demande bien pourquoi le premier n’a par la suite été quasiment cantonné aux seconds rôles et comment le second a mis plus de dix ans à être reconnu. Valeria Golino et Patricia Arquette, dans les rôles des conjointes respectives des deux frères, réussissent quant à elles à donner une véritable profondeur à leur personnages, loin de simples faire-valoir. Enfin, Charles Bronson étonne et émeut dans un rôle à contre-emploi.


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