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OMAHA

Après une tragédie familiale, les frère et sœur Ella et Charlie sont réveillés à l’improviste par leur père et emmenés à traverser le pays, découvrant un monde qu’ils n’ont jamais vu auparavant.

Critique du film

Après son succès à Sundance et son prix du jury à Deauville, Omaha poursuit son chemin avec sa présentation en compétition internationale du Festival de La Roche-sur-Yon, où sa gravité tranquille, qui ne cherche pas à secouer mais à faire ressentir, pourrait bien séduire le public yonnais. Inspirée de faits réels au Nebraska, ce drame familial plonge dans les conséquences humaines de la crise des subprimes de 2008 – ces prêts immobiliers risqués qui ont fait s’effondrer des économies entières, arraché des familles à leurs maisons et démoli des vies. Dans ce chaos économique, une loi du Nebraska, nommée Safe Haven, joue un rôle douloureux, permettant à certains parents de confier légalement leur nouveau-né pour en faire un pupille de la nation, mais aussi, de façon trouble, de questionner jusqu’où un père peut être poussé pour en arriver à l’abandon.

Le récit suit ce père veuf, interprété avec finesse par John Magaro, qui entreprend un voyage avec ses deux enfants, Ella et Charlie, dans un road-trip silencieux et chargé de non-dits. L’acteur de First cow incarne superbement cet homme aux prises avec sa détresse. On lit sur son visage le poids des choix futurs, l’angoisse et la culpabilité. La narration ne cherche pas à expliquer mais à suggérer l’impasse, chaque plan semble mesurer ce que la parole ne peut plus dire. Ses enfants, brillamment incarnés par Molly Belle Wright et Wyatt Solis, apportent à la fois l’innocence et la lucidité. Les regards de la fille aînée percent l’existence d’un poids écrasant et d’une destination inquiétante.

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Chienne de vie

Ce qui séduit dans Omaha, c’est son épure. À la manière d’un Aftersun (moins abouti), le film évite le pathos, ne dramatise pas excessivement les crises, évitant les déchirements appuyés. Même les moments de tension sont traités avec mesure, contribuant à une émotion authentique, sans maniérisme. Le montage ménage des respirations, le ton voyage entre l’intime et le paysage, comme si le décor lui-même portait la mémoire des promesses brisées.

Quelques revers à ces choix apparaissent pourtant : la progression narrative peut sembler lente, parfois trop fléchée, laissant le spectateur en attente d’un déclencheur plus puissant. La bande sonore dilue un peu la densité des silences. Mais ce ne sont que quelques bémols nichés au creux d’un film dont la valeur tient surtout dans cette acceptation de ce qui ne peut être réparé. Un ultime rayon de soleil dans un paysage sans horizon.


29 avril 2026 – De Cole Webley

LRSY 2025 – Compétition internationale