LA ROCHE-SUR-YON 2025 : bilan et palmarès
La 16ᵉ édition du Festival International du Film de La Roche-sur-Yon s’est achevée sur une note radieuse, confirmant l’ancrage du rendez-vous vendéen comme l’un des plus vivants et généreux du paysage cinéphile français. Pendant une semaine, les projections se sont succédé à guichets presque fermés, entre avant-premières prestigieuses, rencontres enthousiastes et séances scolaires toujours très fréquentées — malgré la fin du Pass Culture, qui a contraint l’organisation à une légère réduction du nombre de séances éducatives prévues, malgré le soutien indispensable du CNC.
Un palmarès éclectique
Le Grand Prix du Jury Ciné+ OCS a été décerné à Silent Friend de Ildikó Enyedi, une œuvre élégiaque et méditative sur le silence et la nature, tandis que le Prix spécial du jury international, remis ex aequo, a distingué Deux femmes en or de Chloé Robichaud et Eleonora Duse de Pietro Marcello, deux portraits d’émancipation portés par la grâce de leurs interprètes. La Québécoise Chloé Robichaud, invitée d’honneur du festival, aura marqué cette édition par sa disponibilité et la rétrospective qui lui était consacrée, confirmant la cohérence et la finesse d’une œuvre déjà singulière.

Dans la compétition Nouvelles Vagues, le prix est revenu à Bouchra de Orian Barki et Meriem Bennani, saluant une proposition formelle où l’humour et l’expérimentation se mêlent au questionnement identitaire. Le Prix Trajectoires BNP Paribas, décerné par le jury lycéen, a couronné The New West de Kate Beecroft, tandis qu’une mention spéciale distinguait Khartoum, œuvre collective venue du Soudan.
Le Prix Variété Mad Movies a récompensé Rabbit Trap de Bryn Chainey, et le Coup de cœur de l’IUT de La Roche-sur-Yon est allé à Une année italienne de Laura Samani, déjà remarquée à la Mostra de Venise. Côté jeune public, le Coup de cœur des collégien·nes a distingué Arco d’Ugo Bienvenu, touchant récit d’apprentissage à hauteur d’enfant — un choix qui dit bien la curiosité et la réceptivité des jeunes spectateurs.
Le prix du public a été attribué à La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania !
Nos coups de cœur
Au-delà du palmarès, cette édition aura séduit par la richesse de sa programmation et la qualité des échanges. De belles avant-premières ont eu les faveurs du public, à commencer par le bouleversant et essentiel La voix de Hind Rajab, le charmant Rental family, le mordant Bugonia, mais aussi L’étranger, The mastermind, Blue moon et le sublime Hamnet. Du côté des productions plus indépendantes, les belles découvertes furent nombreuses avec notamment Omaha de Cole Webley, Les Enfants vont bien de Nathan Ambrosioni ou encore If You Are Afraid You Put Your Heart Into Your Mouth and Smile de Marie Luise Lehner, savoureuse pépite queer et féministe présentée dans la section Perspectives.
Présente à La Roche pour une rencontre pleine de verve et d’émotion, Camille Cottin a ponctué la semaine en beauté de cette édition, accompagnant l’avant-première du film de Nathan Ambrosioni, sa rétrospective ayant rappelé toute la semaine la diversité de sa filmographie, entre exigence et popularité.

Dans les belles salles du Concorde, du Cyel et du Manège, très bien garnies tout au long de la semaine, le public a répondu présent, confirmant la vitalité d’un événement qui allie exigence artistique et convivialité. De la sérénité de Silent Friend à la fougue d’Arco, de la poésie d’Hamnet au charme rassembleur de Rental family, cette édition 2025 aura incarné tout ce que La Roche-sur-Yon sait offrir de mieux : un cinéma ouvert, curieux, généreux — et furieusement vivant.
Saluons enfin l’engagement éco-responsable et inclusif du festival, qui a poursuivi cette année sa démarche de réduction de l’empreinte environnementale — non-impressions de nouveaux tote bags, limitation des déchets plastiques et transports mutualisés pour les invité·es — tout en repensant ses pratiques d’accueil et d’accessibilité. Plusieurs projections et rencontres ont ainsi été traduites en langue des signes française, permettant aux personnes sourdes et malentendantes de participer pleinement à la vie du festival. Une attention concrète, qui s’inscrit dans la volonté de rendre le cinéma plus ouvert, durable et partagé.


