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WE OWN THIS CITY

L’histoire de la « Gun Trace Task Force » de la police de Baltimore. Ce groupe de travail a été conçu pour éloigner les criminels violents des rues de Baltimore face à la recrudescence de meurtres dans la ville. L’unité a fini par fonctionner comme une organisation criminelle à part entière, avec des agents qui volent l’argent de personnes qu’ils prétendent suspectes, effectuent des perquisitions illégales, placent des preuves et extorquent de l’argent aux trafiquants de drogue. 

Critique de la série

Alors que The Wire (aka Sur écoute), la série culte de David Simon et Georges Pelecanos sur la lutte contre la criminalité de Baltimore, célèbre cette année son vingtième anniversaire au festival Séries Mania, le festival marque le coup avec différents évènements dédiés à cette œuvre majeure. En prolongement, les festivaliers ont eu la chance de découvrir les deux premiers épisodes de We Own This City, la nouvelle mini-série du duo d’auteurs.

L’année dernière, la sortie du film Bac Nord de Cédric Jimenez a déclenché de vives réflexions quant à la légitimité de la fiction pour traiter un fait divers réel. S’inspirant du scandale qui avait secoué les forces de l’ordre marseillais en 2012, le réalisateur de La French se dédouanait de toute responsabilité politique pour simplement proposer son propre film d’action aux influences Carpentiennes – dans la mise-en-scène uniquement. Un film brutal, viriliste, qui n’a pas manqué de flirter avec les obsessions de l’extrême-droite française, tandis que l’équipe préférait ignorer (pour ne pas dire mépriser) les remarques de la critique quant au danger de la récupération politique. L’arrivée de We Own This City dans le paysage audiovisuel, à la vue de ses deux premiers épisodes, rappelle la possibilité de construire une dramatisation suffisamment efficace et intelligente pour permettre à la fiction policière de retrouver un statut de lanceur d’alerte.

We own this city

Adapté d’un ouvrage d’investigation écrit par Justin Fenton, reporter au Baltimore’s Sun, We Own This City évoque le scandale de la Gun Trace Task Force révélé en 2017 : un groupe de policiers patrouillant dans les rues de Baltimore s’est bâti une véritable organisation corrompue en abusant de leur pouvoir. David Simon et Georges Pelecanos restent fidèles à cette même minutie qui avait contribué en partie au triomphe de The Wire. Décortiquant les institutions au plus près, les deux créateurs pointent comment fonctionnent les dynamiques entre différentes hiérarchies et comment les violences policières se perpétuent au fil des années. Il est d’ailleurs intéressant de voir que la série ne part pas sur un récit d’enquête strict et ose explorer de multiples points de vues et de temporalités différentes. On va notamment suivre le parcours du sergent Wayne Jenkins (campé par le toujours génial Jon Bernthal, impeccable de nervosité sensible) et son implication criminelle grandissante, mais aussi l’avocate jouée par Wunmi Mosaku (Loki) qui enquête sur les violences policières qui règnent à Baltimore et notamment sur l’impunité de l’officier David Hersl (incarné par Josh Charles, vu dans The Good Wife).

Alertant le spectateur en dévoilant le mécanisme de cette violence institutionnalisée, We Own This City atteste à nouveau de la force politique que peut avoir une série télévisée. Temps fort de ce début de Séries Mania, la série devrait soulever quelques débats au moment de sa diffusion à la fin du mois d’Avril sur OCS.

Bande-annonce

Le 26 avril en US+24 sur OCS




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