UN GOÛT DE MIEL
Coup de coeur.
Adapté d’une pièce de Shelagh Delaney, Un goût de miel prend ainsi pour cadre les quartiers pauvres de Manchester et brasse nombre de sujets de société tabous pour l’époque. Le film dresse le portrait de Jo, une adolescente abandonnée par sa mère sur le point de se remarier, et qui trouve refuge dans les bras d’un marin noir. L’idylle durera juste assez de temps pour que Jo tombe enceinte. Seule, l’adolescence trouve dans l’amitié avec un jeune homosexuel une once d’espoir de s’en sortir.
Résumé ainsi, le programme semble pour le moins chargé, pourtant Un goût de miel n’a rien d’un drame plombant. Si Tony Richardson n’édulcore jamais son propos, il n’hésite cependant pas à l’illuminer d’instants plus légers, apparaissant comme des bouffées d’espoir dans un univers où tout semble a priori noir. Un goût de miel est finalement à l’image de la jeunesse qu’il décrit, désabusée par ses aînés, voulant s’en émanciper, mais étant condamnée par la société à en répéter les mêmes erreurs. La fin, que nous tairons, est à ce titre plus qu’évocatrice. Si certaines choses ont changé depuis les années 60, et que certains thèmes semblent aujourd’hui moins tabous, Un goût de miel n’en reste pas moins un film encore étonnamment d’actualité aujourd’hui.
Film d’une sublime subtilité, porté par des comédiens éblouissant de justesse (les deux jeunes acteurs sont chacun repartis du festival de Cannes avec un prix d’interprétation) et une mise en scène qui excelle par sa volonté de réalisme, Un goût de miel est une petite perle à (re)découvrir. Magnifiquement restauré par le British Film Institute (toute la subtilité du noir et blanc est parfaitement rendue), le film ressort dans quelques salles françaises à partir de ce mercredi. Une occasion à ne pas manquer.