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POISSON ROUGE

Guillaume, 33 ans, perd la mémoire de façon irréversible et va rentrer dans un centre spécialisé. Dans l’espoir de lui laisser un souvenir heureux, ses potes d’enfance lui organisent un dernier week-end festif. Ils se lancent dans un road trip qui permettra peut-être à Guillaume de régler ses problèmes avant qu’il ne les oublie…

Critique du film

Road trip à l’image de ce que pouvait être Little Miss Sunshine, à savoir une comédie mi-burlesque, mi-mélancolique, Poisson rouge est le premier long-métrage de trois réalisateurs amis depuis des années : Clément Vallos, Hugo Bachelet et Matthieu Yakovleff, chacun gérant une partie de la création :  l’écriture du film pour le premier, l’esthétique et la partie technique pour le deuxième et le troisième se focalisant sur la direction d‘acteurs. Le film a été réalisé après cinq mois d’écriture et le tournage s’est effectué en deux semaines seulement, ce qui n’empêche pas cette histoire d’être très bien mise en images, avec des scènes qui mettent en évidence la beauté des paysages bretons, de la forêt de Brocéliande et de la lande, et qui distille une esthétique et des compositions notables pour un premier long-métrage.  

L’une des caractéristiques de cette réalisation, et non des moindres, est que ses dialogues ont été intégralement improvisés par les comédiens, ce qui représente un véritable défi et qui s’avère en grande partie réussi. Le film est drôle, tendre et profond et les personnages se révèlent attachants. Les réparties fusent avec brio ou les silences se font aux moments opportuns. Les écueils de l’improvisation ne manquent pas quand on pratique cette discipline : vouloir faire rire à tout prix, se répéter ou tomber dans la platitude. Le film évite tous ces pièges et offre une histoire à la fois profondément originale et universelle, émouvante et cocasse.  

Les quatre principaux comédiens, Fabien Strobel, Julie Gallibert, Andy Pimor et Guillaume Darnault, forment dans la vie la troupe d’improvisation Les AutreS. Et ils sont formidables d’énergie et de symbiose. L’esprit de troupe est bien là. Autour d’eux, plusieurs « invités » de marque comme Denis Lavant ou Thomas VDB, mais aussi Claudette Walker, très touchante en grand-mère amatrice de bons vins.

 Chaque personnage semble fuir en quelque sorte une partie de sa vie : la réalité du travail, de la paternité, de la maladie ou d’un fiasco de sa carrière artistique. Le film ne sombre jamais dans le pathos, même si on sait déjà que le cas de Guillaume est désespéré et que son destin est déjà tout tracé, mais trouve un équilibre entre hédonisme, fatalisme et réflexion sur l’oubli et la mémoire. L’amnésie ne permet-elle pas parfois de mieux rebondir ? De s’affranchir des souvenirs douloureux qui paralysent ?

Poisson rouge a déjà remporté plusieurs prix : un Coup de cœur au festival du Premier Film Francophone de La Ciotat et les Prix du meilleur Film et des meilleurs acteurs au Festival International du Film Indépendant de Saint-Mitre-Les-Remparts. Ces récompenses amplement méritées inciteront on l’espère à aller découvrir cette histoire et ces interprètes. Il s’agit d’une belle surprise et d’un pari réussi à l’arrivée. 

Bande-annonce

27 septembre 2023De Hugo BacheletClément VallosMatthieu Yakovleff

 




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