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JOE, C’EST AUSSI L’AMÉRIQUE

Bill est un homme d’affaires aisé. Il serait totalement heureux si sa fille n’avait pas pour petit ami un junkie dealer. Sa vie bascule le jour où il tue ce dernier accidentellement lors d’une dispute…

Critique du film

Troisième film, mais première réussite de John G. Avildsen – futur réalisateur de Rocky, de La Formule ou de la saga Karaté kidJoe, c’est aussi l’Amérique a été tourné en 1970, avec un budget assez serré, et rencontra un très vif succès aux Etats-Unis. En France, il semble cependant que cette œuvre singulière, passionnante et dérangeante n’ait pas la même renommée et s’avère finalement assez rarement projetée ou diffusée à la télévision. 

Pourtant, le film fait l’effet d’un violent uppercut et Peter Boyle trouve probablement le rôle de sa vie avec le personnage de Joe. Ce comédien formidable, dont on ne connaît pas toujours le nom, mais dont on se souvient du visage, de la carrure et de la dégaine – la créature de Frankenstein junior, c’était lui, tout comme Wizard, dans Taxi Driver ou le détective privé de Hardcore ou encore l’ennemi juré de Sean Connery dans Outland, tant de rôles arrivés quelques années après le film Joe, c’est aussi l’Amérique

Bill, un publicitaire fortuné joué par Dennis Patrick, tue donc accidentellement le petit-ami de sa fille. Le jeune homme était un dealer cynique que le père de Melissa – Susan Sarandon dans son premier rôle, alors qu’elle avait 23 ans – a voulu corriger. Se réfugiant dans un bar, il fait la connaissance d’un ouvrier qui vient boire de l’alcool et vomir sa haine des étrangers, des hippies et de tout ce qui peut représenter le passage d’une époque à une autre, avec son lot de bouleversements sociologiques, économiques et politiques. Nous sommes en 1970, en pleine guerre du Vietnam, le pays connaît des tensions terribles et le racisme est peut-être plus présent que jamais. Bill, éreinté et retourné psychologiquement par le geste qu’il vient de commettre, en dit trop, à la limite de l’aveu. Puis, il prend la fuite. 

joe c'est aussi l'amérique

Mais Joe a retenu le nom de Bill et se rappelle à son bon souvenir quelque temps plus tard. Pour le faire chanter ou parce qu’il est fasciné par le passage à l’acte de Bill, acte irréparable et impardonnable selon le publicitaire, mais acte de courage et de salubrité publique selon Joe, qui collectionne les armes à feu. Une relation trouble va se nouer entre les deux hommes qui pourrait déboucher sur la folie. 

Plus qu’un banal vigilante movie, Joe, c’est aussi l’Amérique constitue un dynamitage en règle d’une certaine Amérique. Croise-t-on dans ce film des personnages sympathiques ou éminemment positifs ? Rien de moins sûr, tant tout le monde en prend pour son grade et semble attiré par sa propre chute. Même les hippies ne s’embarrassent pas de scrupules et ont des méthodes peu reluisantes. Avec ses dialogues au scalpel, sa charge virulente contre le racisme et la noirceur de son propos, le film pourrait être plombant. Mais il réussit le tour de force de maintenir une attention constante du spectateur. Parsemé de moments drôles, de scènes psychédéliques ou de passages plus crus ou durs, Joe, c’est aussi l’Amérique peut être vu comme une œuvre charnière, à réévaluer d’urgence, à découvrir ou à revoir.


Joe, C’est aussi l’Amérique est disponible depuis le 24 juillet, en DVD ou en Blu-Ray, édités par ESC Editions, accompagné d’une bande-annonce et, surtout, d’un entretien passionnant avec Jean-Baptiste Thoret. 

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