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IRIS ET LES HOMMES

Un mari formidable, deux filles parfaites, un cabinet dentaire florissant : tout va bien pour Iris. Mais depuis quand n’a-t-elle pas fait l’amour ? Peut-être est-il temps de prendre un amant. S’inscrivant sur une banale appli de rencontre, Iris ouvre la boite de Pandore. Les hommes vont tomber… Comme s’il en pleuvait !

Critique du film

Après la surprise Antoinette dans les Cévennes – qui avait valu un César de meilleure actrice à Laure Calamy – le nouveau film de Caroline Vignal était particulièrement attendu, et d’autant plus avec le retour de sa comédienne phare à l’affiche. Et même si Laure Calamy n’était pas le premier choix de la cinéaste, Iris et les hommes se transforme rapidement en Calamy-show, la comédienne étant servie par une ribambelles d’acteurs principalement là pour mettre son jeu en avant. Vincent Elbaz est parfait en mari distant, outré et parfois suspect, et chaque amant d’Iris est bien interprété. Ils sont grands, petits, « de toutes les couleurs » pour citer Iris, poilus, jeunes, un peu plus vieux… Caroline Vignal a tenu à offrir une panoplie d’hommes à sa protagoniste, qu’elle parvient à ne jamais juger. Elle ne juge pas non plus son mari débordé ni sa fille adolescente prude, ridiculisée par sa mère qui, lors d’un débat sur le consentement, invite à dire « oui ».

Tout débordement ou cliché est régulièrement évité, ou bien il sert à montrer les limites du caractère humain. Iris est souvent dépassée par son temps. Ses yeux s’illuminent lorsqu’elle apprend l’existence des applications de rencontres, presque autant que quand elle découvre Validée de Booba dans un Uber (une scène qui justifie presque à elle seule le visionnage). Iris est maladroite, et ne prend pas conscience de certains maux de la société actuelle – le consentement en tête – au profit d’une quête spirituelle et sexuelle qui prend le pas sur tout, ravageant sa vie personnelle et professionnelle. Elle est naïve, égoïste, mais également profondément triste et fatiguée, cherchant dans le regard des hommes un moyen de se reconnecter à un monde qui ne lui laisse plus de place. 

iris et les hommes

Mais cette déconnexion laisse des sacrifiés derrière elle, notamment son assistante incarnée par la géniale Suzanne de Baecque, qui se retrouve piégée au milieu des tromperies d’Iris et ses remaniements d’emploi du temps incessants. Et pourtant, malgré ce jeu d’acteur impeccable, Iris et les hommes souffre d’un manque d’originalité décevant et ne parvient pas suffisamment à renouveler le thème du film (vu et revu dans le cinéma français et international). Lorsque la mise en scène se veut novatrice, on le regrette rapidement : la reprise française d’It’s Raining Men façon La La Land était sûrement de trop, même si ce côté cheap est probablement volontaire. Les scènes de métro sont d’abord surprenantes et accueillies à bras ouverts avant de devenir peu à peu exaspérante, comme les notifications du téléphone d’Iris.

Mais moderniser son sujet via l’intégration des applications de rencontre ne suffit pas à le faire rentrer dans l’ère du temps. Le propos politique du long-métrage, qui donnait au départ l’impression de s’orienter vers une critique acerbe de la bourgeoisie, finit par s’évaporer lors de la prise de conscience d’Iris largement survolée. En résulte une comédie régulièrement maladroite, qui ne s’accroche pas suffisamment à son sujet pour qu’on en dégage une réelle morale, malgré sa fin amusante. Caroline Vignal a voulu mettre toutes ses idées dans son film, faisant d’Iris et les hommes un long-métrage inégal qui manque de tranchant. Le long-métrage réussit cependant sa mission principale avec brio : faire rire. Rire du ridicule attachant d’Iris et de ses amants, de son mari involontairement sexy, des livres aux titres évocateurs lus par la protagoniste chaque soir, de cette société qui bannit le sexe alors qu’il est au coeur de nombreuses décisions majeures.

Bande-annonce

3 janvier 2024 – De Caroline Vignal, avec Laure CalamyVincent ElbazSuzanne de Baecque




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