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HOT MILK

Par un été étouffant, Rose et sa fille Sofia se rendent à Almeria une station balnéaire du sud de l’Espagne. Elles viennent consulter l’énigmatique docteur Gómez, qui pourrait soigner la maladie de Rose, clouée à un fauteuil roulant. Sofia, jusque-là entravée par une mère possessive, s’abandonne au charme magnétique d’Ingrid, baroudeuse qui vit selon ses propres règles. Tandis que Sofia s’émancipe, Rose ne supporte pas de voir sa fille lui échapper – et les vieilles rancoeurs qui pèsent sur leur relation vont éclater au grand jour…

Critique du film

Sorti en France en 2024, le roman Hot Milk de Deborah Levy avait contribué à ériger un peu plus son auteure comme une des nouvelles figures de l’émancipation féminine. En adaptant au cinéma le roman à succès de l’écrivaine britannique, Rebecca Lenkiewic désosse le récit pour n’en garder que l’essentiel. Ce décharnement produit un film abstrait et, par moments, cryptique. 

Le matériau originel avait comme moteur le désir de Sofia d’une vie plus intrépide. Incarnée par Emma Mackey, l’étudiante en anthropologie passe l’été avec sa mère dans une station balnéaire en Espagne. Malgré ce que le premier plan sur la plage pourrait laisser penser, il n’est pas question ici de vacances. Sofia accompagne sa mère afin que cette dernière rencontre le docteur Gomez. Rose souffre en effet d’une mystérieuse pathologie la clouant dans un fauteuil roulant. 

L’immobilité physique de la mère, couplée à ses requêtes permanentes, étouffe Sofia qui se retrouve privée de toute agentivité. Ainsi, dans un parallèle un peu lourd, un chien attaché en permanence sur le toit d’un bungalow, aboyant sans cesse de frustration, fait écho à de nombreuses reprises à la situation de la jeune femme. Si parfois Sofia ose l’insolence et la rébellion, celle-ci choisit plus souvent d’essuyer en silence les injonctions de sa mère. 

Hot milk

Sa promesse de libération apparaît sous la forme d’Ingrid, qui se présente pour la première fois au spectateur chevauchant un cheval. Filmée en une sorte de contre-plongée et entourée par une lumière aveuglante, Ingrid ressemble plus à une manifestation irréelle et onirique qu’à une véritable entité, d’autant que la séquence contrebalance avec les choix de mise en scène relativement conventionnels effectués jusqu’à présent par le film. Hélas, Ingrid ne sera pas la clé lui permettant de se débarrasser de ses chaînes. La femme partage la même nature trouble et opaque que sa mère. La jeune anthropologue passe ainsi le film à tenter de déceler les mystères des deux femmes qui l’accompagnent. 

À travers ces deux relations, Rebecca Lenkiewic creuse des sillons abstraits et répétitifs, n’apportant aucune nouvelle connaissance au spectateur à chaque passage. La nature sérielle des remarques passives-agressives de la mère prend le pas sur l’aspect psychologique des dialogues, tandis que la connexion peu vraisemblable entre Ingrid et Sofia laisse perplexe durant tout le film. Au final, les informations données au compte-gouttes par Hot Milk finissent plus par exaspérer et frustrer qu’à captiver l’attention du spectateur. 

Bande-annonce

28 mai 2025 – De Rebecca Lenkiewicz