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COWBOY BEBOP

2071. Suite à un accident survenu sur la Lune, la vie sur la planète Terre est devenue impossible. Les Humains ont dû partir, coloniser d’autres planètes. Cet exode a créé un chaos dans tout l’univers, laissant une totale liberté aux criminels les plus dangereux. Un vrai terrain de jeu pour les chasseurs de primes. Parmi cette clique : le Bebop, un vaisseau spatial abritant Spike Spiegel et Jet…

See you, space cowboy.

Cowboy Bebop est une série d’animation japonaise en 26 épisodes créée en 1998. L’histoire se déroule en 2071 et suit les péripéties de quelques chasseurs de primes cherchant leur raison de vivre. Difficile de résumer une série à la richesse thématique foisonnante qui mêle aussi bien la comédie que le drame sur fond de tableaux de science-fiction somptueux et à la bande sonore jazz immortelle. L’auteur de ces lignes adore Cowboy Bebop – c’est la moindre des choses – et aimerait vous dire pourquoi tout un chacun et à fortiori les réfractaires à l’animation japonaise et à la science-fiction devraient visionner les quelques heures qui composent le destin de nos Cowboys.

L’une des forces de Cowboy Bebop est le mélange des genres. Les références sont multiples avec un accent sur les mythes du Western et les codes du film noir. Cowboy Bebop est une œuvre hybride à l’ambiance unique et la musique y est pour beaucoup. Éclectique dans sa globalité, la bande originale (composée par Yoko Kanno) côtoie principalement le Blues et le Jazz et donne à l’ensemble des épisodes un caractère définitivement nostalgique. La magie opère de suite et avant même de comprendre les enjeux de notre histoire Watanabe nous offre sa première leçon dans la structure même de son œuvre : diriger notre regard vers le futur pour mieux comprendre notre passé. Si ces éléments vous donnent l’impression d’un déjà-vu, c’est probablement que dans la droite lignée du Blade Runner de Ridley Scott, Cowboy Bebop a laissé une marque indélébile sur la pop culture et que son influence est à présent tentaculaire.

Le choix n’est qu’une illusion

Dotée d’une puissance visuelle qui pourrait faire rougir les plus grands directeurs de la photographie, l’œuvre de Watanabe, malgré son aspect SF, profite d’un véritable ancrage dans notre réalité. Elle va même au-delà puisque de nombreux décors s’inspirent de l’architecture des grandes villes du XXe siècle soulignant la nostalgie qui parcourt le récit. L’ensemble de l’univers a ainsi un vécu, porte une histoire qui lui est propre et se rapproche de son spectateur. Un choix esthétique d’une grande cohérence qui participe en partie au succès de la mini-série.

Il est intéressant de noter que Cowboy Bebop sous ses airs pop – que le générique vient rappeler à chaque épisode – porte pourtant toute l’essence de la tragédie tel qu’elle découle depuis des siècles dans l’Art et ancre sa réflexion autour du poids du passé. Il conditionne notre vision du futur, notre développement individuel et souligne un déterminisme propre aux codes de la tragédie. Le choix n’est qu’une illusion.

Cowboy bebop la série
D’ailleurs, si chaque épisode conte une histoire différente et met en scène diverses péripéties, le fil rouge de l’histoire s’arque encore et toujours autour du poids passé soulignant la place qu’il prend dans la vie de nos héros. Spike en est probablement l’effigie la plus probante, lui qui semble toujours détaché de la réalité en cours. Un fantôme qui attend de toucher les contours de son déterminisme. Ce décalage, on le ressent à chaque instant. Il s’insuffle dans chaque silence, chaque douleur, chaque sourire. Un parfum lointain remémorant des souvenirs profonds dissipant la brume que nous avions nous-mêmes créée. Ce décalage c’est le nôtre, car Cowboy Bebop fait plus que de narrer l’histoire de chasseurs de prime de l’espace. Sur 26 épisodes, quatorze s’attardent sur d’autres personnages qui ont eux aussi le regard tourné vers leur passé et la totalité des épisodes construit peu à peu un miroir dans lequel chaque spectateur y croisera ses démons. Une distanciation pour mieux rapprocher le créateur et son spectateur jusqu’à ce nous soyons tous liés pour la seule fin qui nous concerne tous : la mort.

Dans Cowboy Bebop, la mort est partout, omniprésente, infusée dans chacun des petits moments qui rendent la série si remarquable. Intrinsèquement liée à la vie, elle accompagne nos héros non pas comme une ennemie, mais comme une amie dont la douce mélancolie signe sa compréhension de leurs tourments.

You’re Gonna Carry That Weight (Vous devrez porter ce poids)

Une phrase pour mettre un terme à toutes les autres. La quintessence d’une transmission, du créateur à sa communauté. Le poids d’un passé, des promesses, le fardeau de tous les espoirs déchus et l’ensemble des aspirations futures. Un futur volé à Spike et rendu à chaque individu ayant croisé sa route. C’est ton cas spectateur et c’est à présent ton fardeau de continuer à vivre, à rêver et à apprendre à mourir.

En 26 épisodes seulement, au creux des mythes, de la folie, des illusions, rêveries, cauchemars, chimères, fantasmes, espérance, impossibilités, se dessinent « The Real Folk Blues ». Les troubles du passé et du présent se mêlent et convergent vers un final spectaculaire prenant à bras le corps tous les enjeux dramatiques, thématiques et philosophiques auxquels Cowboy Bebop s’est toujours efforcé de répondre. Un air de musique comme souvenir, un regard pour délivrance et la fin d’une époque. Pour mieux renaître en chacun de nous car Watanabe l’a bien compris : oublier, c’est mourir.


Un film Cowboy Bebop a été réalisé quelques années plus tard pour sortir en salle en 2003. Selon les spécialistes, celui s’intègrerait entre le 22e et le 23e épisode. Notons qu’une série en live-action a été commandée par Netflix et devrait voir le jour sous la supervision de Shinichiro Watanabe, créateur de la série animée.


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