GHOST IN THE SHELL
Dans un Japon futuriste régi par l’Internet, le major Motoko Kusunagi, une femme cyborg ultra-perfectionnée, est hantée par des interrogations ontologiques. Elle appartient, malgré elle, à une cyber-police musclée dotée de moyens quasi-illimités pour lutter contre le crime informatique. Le jour où sa section retrouve la trace du ‘Puppet Master’, un hacker mystérieux et légendaire dont l’identité reste totalement inconnue, la jeune femme se met en tète de pénétrer le corps de celui-ci et d’en analyser le ghost (élément indéfinissable de la conscience, apparenté à l’âme) dans l’espoir d’y trouver les réponses à ses propres questions existentielles…
L’âme dans la machine.
S’il est presque dérisoire, pour les connaisseurs, de présenter le réalisateur Mamoru Oshii (Patlabor, Avalon, Sky Crawler) ou le mangaka Masamue Shirow (Appleseed, Dominion Tank Police), il l’est bien plus aujourd’hui, avec la sortie prochaine de sa version live, d’introduire le chef d’œuvre d’animation Ghost in the shell. Véritable jalon dans l’histoire du cinéma (et non pas que d’animation), cette adaptation du manga de Masamune Shirow demeure encore vingt ans plus tard, aux yeux des amateurs du genre comme des néophytes, une œuvre majeure et incontournable de la science-fiction.
Pendant plusieurs années, ce monument du cinéma n’a pas été considéré à sa juste valeur par le grand public à cause de son genre (la japanimation) et de décryptages erronés de certains journalistes (le prenant à tort pour une dénonciation de la cybernétique), s’éloignant grandement des messages du film et de la démarche artistique de Oshii. Au même titre que les récits d’Asimov, pour ne citer que lui, l’essence de Ghost in the shell est l’avancée de l’humanité en relation avec la technologie. Il s’agit de l’évolution, de la naissance d’un nouvel être, mise en scène dès le générique par la « construction » du corps de Major.
Action-réaction
Dans un univers cyberpunk souvent comparé à Blade Runner, le film nous plonge au cœur d’affaires politiques et d’espionnage des plus complexes. Sa narration et son rythme perdent sciemment le spectateur dans les méandres politiques de ce Japon futuriste.
La réalisation de Mamoru Oshii est, malgré une animation simple, des plus soignées. S’il y a peu d’action dans Ghost in the shell, comme bien souvent avec Oshii, le spectaculaire est au rendez-vous. Chaque moment violent est d’une grande intensité, rendant chaque combat, coup de feu ou poursuite particulièrement poignant. Entre ces instants de bravoure, le réalisateur hypnotise avec des séquences planantes sur la ville ou des réflexions philosophiques sur l’esprit, la définition de l’humanité et bien d’autres sujets avant-gardistes, le tout sur la musique majestueuse de Kenji Kawai.
Vers la prochaine étape
Derrière le scénario politique-espionnage très complexe, le film cache une œuvre philosophique d’une grande profondeur dont la modernité se révèle de plus en plus avec le temps et l’évolution des mœurs.
Au final, peu nous importent les conflits entre ministères, les enjeux et les révélations sur la menace. Ce qui prime, ce sont les questionnements qu’apportent le Major et le Puppet Master. Des interrogations que d’autres œuvres telles que Blade Runner ou 2001 l’Odyssée de l’espace ont également soulevées. Où va l’humanité ? Quel chemin va emprunter la vie ? D’un côté, le Major s’interroge sur son humanité bridée par son corps entièrement cybernétisé ; de l’autre, le Puppet Master désirant trouver la plénitude de son être et atteindre ainsi le nouveau stade de l’évolution.
Ce n’est pas pour rien si Stanley Kubrick l’a qualifié comme l’un des plus grands films de science-fiction du siècle et Ridley Scott comme l’œuvre d’un visionnaire. Loin d’être un film d’animation simplet qui se donne des airs de complexité, Ghost in the shell est une œuvre mélancolique d’une profondeur admirable, et dont la suite, Ghost in the shell 2 : Innocence, continuera d’explorer les questionnements.
La fiche
GHOST IN THE SHELL
Réalisé par Mamoru Oshii
Avec les voix originales de Atsuko Tanaka, Akio Ôtsuka, Tamio Ôki…
Japon, Etats-Unis – Action, Animation, Science-fiction
Sortie : 29 janvier 1997
Durée : 83 min