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ANNIE COLÈRE

Février 1974. Parce qu’elle se retrouve enceinte accidentellement, Annie, ouvrière et mère de deux enfants, rencontre le MLAC – Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception – qui pratique les avortements illégaux aux yeux de tous. Accueillie par ce mouvement unique, fondé sur l’aide concrète aux femmes et le partage des savoirs, elle va trouver dans la bataille pour l’adoption de la loi sur l’avortement un nouveau sens à sa vie.

Critique du film

Alors qu’on attend toujours que le gouvernement macroniste tienne sa promesse d’inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution française, la sortie d’Annie colère arrive comme un rappel, après L’événement d’Audrey Diwan, que même les droits humains les plus essentiels doivent être protégés et sacralisés. 

Ouvrière dans une usine de fabrication de matelas, Annie ne veut pas d’un troisième enfant. En quête d’une solution pour interrompre cette grossesse, elle se rend dans une librairie où une réunion se tient dans l’arrière boutique. Celle qui se pensait peu concernée par les affaires politiques découvre la MLAC, association féministe réclamant la liberté de choisir et notamment d’obtenir un avortement dans un cadre médicalisé légal. 

Mais un an avant la loi Veil, il faut faire avec les moyens du bord. Une bougie, une paille, une bouteille et une pompe à vélo pour procéder à l’intervention par aspiration de la membrane et de l’oeuf. Par chance, l’association peut compter sur quelques médecins bénévoles pour réaliser cet acte qu’aucune femme choisit de gaité de coeur – ou par « confort ». Malgré l’angoisse, celui d’Annie se passe bien, notamment grâce à la bienveillance et la solidarité des femmes qui l’accompagnent. Et si, à son tour, elle devenait accompagnante ? 

Annie colère

La tendresse, c’est politique

Vient ensuite la question de la contraception et notamment de la pilule, et des injonctions patriarcales et de la culpabilisation sexiste l’entourant. Parce qu’une femme qui choisirait d’avoir une sexualité libre, pour le plaisir – et non dans une perspective de procréation – ne serait guère respectable. Dans un pays divisé autour de ces sujets et trop soumis aux doctrines catholiques, transmettre un message pédagogique et déculpabilisant devient un combat pour Annie et ses camarades de la MLAC, dans la lignée de féministes comme Delphine Seyrig. Faut-il mettre fin à leur militantisme alors que le gouvernement vient de légiférer dans leur sens ? « Ils n’auront pas la solidarité que nous avions« , argue-t-elle, affirmant qu’un avortement légal pratiqué en clinique est une avancée concrète mais insuffisante car elle tient à cette « tendresse » qu’elle a pu expérimenter lors de sa procédure et qu’elle a perpétuée pour toutes ces femmes ayant besoin d’une telle intervention, tandis que d’autres de ses camarades redoutent que la légalisation de l’avortement n’aide pas beaucoup de femmes dans le besoin si la procédure n’est pas remboursée pour toutes les femmes par notre système de couverture santé.

Signé Blandine Lenoir et Axelle Ropert, le scénario d’Annie colère met en lumière ces combats indispensables et la complexité des changements sociétaux profonds. La prestation chaleureuse de Laure Calamy apporte l’émotion et la fraîcheur à ce drame touchant et humain qui, malgré sa forme parfois didactique, reste peuplé de personnages crédibles. Car Annie colère n’est pas seulement le récit du personnage éponyme mais bien l’histoire de femmes en quête d’un choix. Une histoire qui mérite, encore et encore, d’être racontée.

Bande-annonce

30 novembre 2022De Blandine Lenoir, avec Laure CalamyZita HanrotIndia Hair




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