CE QUE CETTE NATURE TE DIT
Donghwa, un jeune poète de Séoul, conduit sa petite amie Junhee chez ses parents, aux alentours d’Icheon. Émerveillé par la beauté de leur maison nichée dans un jardin vallonné, il y rencontre son père qui l’invite à rester. Au cours d’une journée et d’une nuit, il fait la connaissance de toute la famille et la nature de chacun se révèle.
Critique du film
En 2004, Les Cahiers du cinéma accordaient à Hong Sang-soo une interview à l’occasion de la sortie de son film La femme est l’avenir de l’homme. En préambule, le cinéaste y était présenté comme un élève de l’école de Panofsky : manipulant et filmant « une réalité non stylisée de manière telle que le résultat ait du style ». Son dernier long-métrage s’inscrit, à l’inverse, dans une lignée de films gagnés par une fièvre formaliste — un formalisme minimaliste évidemment, puisqu’il s’agit de Hong Sang-soo.
Dès l’apparition des logos de production et de distribution, le dispositif s’affirme : une dégradation volontaire de la qualité de l’image. Le texte apparaît presque pixélisé. Allant toujours plus loin dans sa démarche d’allègement de ses méthodes de tournage, le cinéaste semble avoir filmé Ce que cette nature te dit avec une petite caméra commercialisée il y a une quinzaine d’années. Ce choix confère à l’ensemble une esthétique évoquant les vidéos de vacances amateurs, teintées d’un filtre années 2000 à la fois daté et paradoxalement tendance.
C’est dans cet écrin stylistique qu’apparaît un premier duo de personnages. De façon très banale pour le cinéma, il s’agit d’un homme et d’une femme. Au fil de leur discussion, l’alchimie n’est pas flagrante, et pourtant, ils sont en couple depuis trois ans. Étrangement, lorsque le père de Kim Jun-hee demande à sa fille qui est l’homme qui l’accompagne, elle répond d’abord qu’il s’agit de celui qui l’a raccompagnée de Séoul, tandis que Ha Dong-hwa rétorque avec nonchalance qu’il est « son ami ».

L’appareil de mise en scène caractéristique d’Hong Sang-soo va alors mettre à nu, progressivement, la nature de chaque relation. Le rythme méditatif et les plans fixes plongent les personnages dans un trouble répétitif qui finit par les éloigner des conversations futiles et matérielles.
La répétition inlassable de ces échanges apparemment anodins s’avère ambivalente. D’un côté, elle permet à quelques touches d’humour cynique de susciter des sourires ; de l’autre, elle rend le film légèrement languissant. Les variations proposées s’avèrent trop subtiles et inoffensives pour véritablement transcender le dispositif. Comme souvent chez les cinéastes prolifiques, voir un nouveau film revient à prendre de leurs nouvelles. Chez Hong Sang-soo, on n’observe pas grand-chose de neuf : l’auteur semble toujours un peu penaud, égaré entre deux discussions philosophiques sur le sens de la vie autour d’un verre.
Bande-annonce
29 octobre 2025 – De Hong Sang-Soo






