film du mois_Juin23

BILAN | Les meilleurs films du mois de juin 2023

CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS D’AVRIL 2023.

Le choix de Thomas Périllon

MARCEL LE COQUILLAGE de Dean Fleischer-Camp

Rappelant autant la créativité malicieuse des premiers Pixar que la poésie des films Ghibli, Marcel le coquillage nous présente son petit protagoniste éponyme sous la forme d’un faux-documentaire où Marcel expose son quotidien dans une maison qu’il occupe avec sa grand-mère en l’absence prolongée de ses propriétaires. Au-delà de sa dimension ludique, mignonne et humoristique, Marcel le coquillage propose surtout un récit familial qui explore les questions de la mémoire et du besoin de créer des liens avec autrui, traitée avec finesse et malice. Et, entre deux sourires et quelques moments d’attendrissement, le film
pourrait certainement vous cueillir d’émotion.

Le choix de Florent Boutet

Polaris film

POLARIS de Ainara Vera

Documentaire issu de la sélection de l’Acid présenté au festival de Cannes 2022, ce film est celui d’une monteuse espagnole qui a notamment travaillé sur le très beau Gunda de Victor Kossakovsky. Récit double entre deux soeurs, l’une sur un bateau au milieu du cercle arctique, l’autre dans un village du sud de la France, Polaris est une magnifique mise en abime d’une femme qui se questionne sur l’amour qu’elle n’a jamai reçu, et sur sa capacité à se construire en tant qu’adulte. Touchant et inspiré sur la forme, il démontre toute la qualité de la réalisatrice à isoler son personnage principal, et à questionner sa solitude et sa quête de bonheur au milieu de paysages désertiques et glacés. Une expérience métaphysique et sensorielle de grande qualité.

Le choix d’Antoine Rousseau

NIMONA de Nick Bruno et Troy Quan

En ce mois des fiertés, impossible de ne pas rendre hommage à l’adaptation cinématographique du roman graphique Nimona de N.D. Stevenson qui débarque sur Netflix. Non seulement le film de Nick Bruno et Troy Quan délivre un très beau message universel de tolérance face à la différence, mais il se permet en plus de mettre en scène  des personnages ouvertement homosexuels, sans jamais faire de cette caractérisation un enjeu dramatique du récit. Une représentation rare – pour ne pas dire inédite – dans un film d’animation ouvertement présenté comme un pur divertissement familial. Car au-delà de son propos, Nimona reste un film d’aventure ultra stimulant, à l’univers riche, à l’animation aboutie et à la rythmique comique implacable. Une réussite d’autant plus réjouissante que le projet a bien failli ne jamais voir le jour, jeté à la poubelle par Disney au moment de la fermeture du studio Blue Sky. Comme quoi, en terme de progressisme, la maison aux grandes oreilles a encore du chemin à parcourir…

Le choix de François-Xavier Thuaud

Vers un avenir radieux

VERS UN AVENIR RADIEUX de Nanni Moretti

Il y a combien de films dans Vers un avenir radieux ? Le récit en compte quatre, celui que tourne Giovanni, situé dans les années 50, celui qu’il rêve de faire sur l’histoire d’un couple raconté en chansons, celui produit par sa femme dont il interrompt le tournage et celui auquel on assiste. Et tant d’autres dont les échos nous parviennent, que nous avons tant aimés et avec lesquels nous vivons depuis dix, vingt ou quarante ans. Le temps passe et Moretti ne change pas. Il reste sensible à la modeste gravité des chansons et indéfectiblement attaché au sens des mots. Moretti a toujours avancé à contre-courant. Compétiteur dans l’âme, le plateau de cinéma est un ring où l’on dispute et discute le morceau. Vers un avenir radieux a des allures de dernier combat, les cordes se rapprochent. Un dernier salut et Nanni, entouré des siens, raccroche l’arrogant. Un cirque est passé, la kermesse est finie. Sourires et frissons.

Le choix d’Adrien Roche

ASTEROID CITY de Wes Anderson

Avec ce troisième long-métrage en cinq ans, Wes Anderson signe de nouveau un film marqué par sa patte artistique, peut-être encore plus présente que dans ses œuvres précédentes. Certains regrettent la sous-exploitation de ce casting cinq étoiles, d’autres la double mise en abîme qui pourrait brouiller le spectateur. Et pourtant, le cinéaste parvient à sublimer des acteurs qui n’ont plus rien à prouver. Réduire Willem Dafoe à un simple professeur de théâtre ? Offrir un si faible temps d’écran à Margot Robbie ? Des idées farfelues qui fonctionnent brillamment : l’un est parfait en mentor que l’on n’hésite pas une seconde à suivre, l’autre est plus touchante en trois minutes ici qu’en trois heures dans Babylon. Grâce à cette géniale gestion de son casting, à cette justesse dans le traitement du deuil, à ces personnages on ne peut plus attachants et à une mise en scène toujours plus inventive (l’atterrissage de l’OVNI risque de rester ancré dans les mémoires), Asteroid City pourrait bien être le chef d’œuvre de son réalisateur et l’un des plus grands films de l’année. « On ne peut pas se réveiller si on ne s’endort pas. »

Le choix de Marie Serale

vers un avenir radieux

VERS UN AVENIR RADIEUX de Nanni Moretti

Deux ans après Tre Piani, c’est avec un film intime que Nanni Moretti est revenu, pour la dixième fois, en compétition du Festival de Cannes. Peint en lettres rouges sur un mur, le titre du film Il Sol dell’Avvenire (Vers un avenir radieux en français) est aussi celui du long-métrage tourné par le personnage de Giovanni (interprété par le cinéaste lui-même) et un vers extrait d’un chant partisan de la résistance italienne. Dans cette autofiction, Nanni Moretti incarne un cinéaste en crise, dans une société qui ne correspond plus à ses idéaux. Vers un avenir radieux nous parle de cinéma avec une irrésistible autodérision et après une délicieuse scène finale, nous imprègne de sa joie de vivre.