JULIETA
Julieta s’apprête à quitter Madrid définitivement lorsqu’une rencontre fortuite avec Bea, l’amie d’enfance de sa fille Antía la pousse à changer ses projets. Bea lui apprend qu’elle a croisé Antía une semaine plus tôt. Julieta se met alors à nourrir l’espoir de retrouvailles avec sa fille qu’elle n’a pas vu depuis des années. Elle décide de lui écrire tout ce qu’elle a gardé secret depuis toujours.
Tout sur sa mère.
Les Amants passagers sont désormais bien loin. Pedro Almodovar est maintenant tout pardonné de s’être autorisé une pochade brouillonne après l’ultra-maîtrisé et cérébral La Piel que habito. Il revient cette année avec une Julieta sans Roméo mais avec tout ce que l’on aime dans son cinéma : son goût pour les allers-retours temporels du récit, ses élans épistolaires, son affection pour les hasards et les coïncidences, ses personnages de femmes aussi fortes que prêtes à se briser et son sens de la couleur – existe-t-il de rouge plus irradiant que celui qui s’étale dans les films de l’Espagnol ?
Là où le film peut déstabiliser les fidèles du réalisateur, c’est dans sa manière de sans cesse contenir l’émotion. Jusqu’au bout, Julieta refuse d’être trop démonstratif dans l’expression des sentiments et laisse les sanglots coincés dans les gorges de ses personnages. Ce film est un mélodrame qui refuse d’être mélo et ce parti pris atteint son paroxysme dans une courageuse conclusion qui laisse comme deux ronds de flanc.
Entre temps, Pedro, qui amalgame dans son scénario trois nouvelles d’Alice Munro, dessine le portrait d’une femme, le rôle-titre, ravagée par la douleur et la culpabilité. Adriana Ugarte et Emma Suárez incarnent toutes deux Julieta à deux âges de sa vie, à la trentaine et à la cinquantaine. Un effet de mise en scène et de montage fait fusionner, assénant l’idée que ces deux actrices ne font qu’une, ne sont qu’une. Elles donnent chair à un destin qui s’étale sur une trentaine d’années. Jamais tout à fait la même, jamais tout à fait une autre..
La fiche
JULIETA
Réalisé par Pedro Almodovar
Avec Adriana Ugarte, Emma Suárez…
Espagne – Mélodrame
Sortie : 18 Mai 2016
Durée : 99 min
Bonjour, seulement 6/10, personnellement, j’aurais mis 8/10. C’est un film qui m’a réconcilié avec Almodovar. Je suis déçue qu’il n’ait rien eu à Cannes. Bonne journée.
Bonjour ! 6/10 n’est pas une mauvaise note 🙂 J’ai beaucoup aimé le film, que je trouve néanmoins en deçà de mes préférés d’Almodovar (Tout sur ma mère et Talons Aiguilles), justement en raison de l’émotion corsetée, et, selon moi, La Piel que habito reste son film le plus abouti et maîtrisé.
Je suis d’accord, il aurait eu sa place au palmarès (personnellement, j’aurais opté pour un double prix d’interprétation féminine).
Bonne journée !
Je trouve le film assez sur-coté car trop linéaire malgré le jeu sur les temporalités : il joue sur un terrain bien connu sans s’aventurer hors piste. Alors oui, il y a quelques beaux éléménts, le « raccord serviette » notamment, mais ça n’en fait pas un grand Almodovar à mes yeux (et encore moins un chef d’oeuvre).
On oublie aussi de noter que depuis « Les Amants Passagers », Almodovar tourne en numérique et ses films ont perdu en matière, en chair.