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LE MAGNIFIQUE

L’agent secret Bob Saint-Clar est envoyé en mission au Mexique où il va tomber sous le charme de son contact, la séduisante Tatiana. Voilà le point de départ du quarante-troisième roman d’espionnage de François Merlin, écrivain endetté à tendance apathique. Double inversé de celui-ci, l’extravagant et viril Saint-Clar vit les aventures et les amours rêvées de son créateur. En effet, Merlin s’amuse à transformer les gens de son quotidien en personnages de son histoire, comme sa jolie voisine Christine ou son odieux éditeur Charron…

Critique du film

Le Magnifique, qui fête son cinquantième anniversaire en ressortant en salle dans une très belle restauration 4K, a été tourné un an après Chère Louise. Ce beau film rare et méconnu, qui avait permis à Philippe de Broca de faire tourner Jeanne Moreau, lui avait donné l’occasion de donner libre cours à un tempérament plus mélancolique qu’on ne le pense. Mais Chère Louise avait essuyé un échec public et critique – Philippe de Broca avait même employé le terme de massacre pour exprimer ce qu’il avait ressenti. Peut-être est-ce revers cruel qui l’avait-il incité à se lancer dans la réalisation d’une pure comédie, un film enlevé et flamboyant comme l’est Le magnifique ?

Retrouvant alors Jean-Paul Belmondo, avec lequel il avait déjà fait plusieurs films très réussis, Cartouche, L’Homme de Rio et Les Tribulations d’un chinois en Chine, Philippe de Broca s’était lancé dans une parodie des films d’espionnage et des romans bon marché du type de la série SAS de Gérard de Villiers. Après une genèse du scénario plutôt compliquée et mouvementée, le tournage s’était déroulé principalement au Mexique et à Paris. 

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Le film met en scène un petit écrivain de romans d’espionnage, François Merlin, qui transpose la réalité et ses connaissances du quotidien dans ses écrits. Il lui arrive régulièrement de se venger de ses désillusions, de ses déconvenues et de transcender les rapports qu’il a avec son entourage. Le personnage de ses romans, l’agent secret Bob Saint-Clar, est son antithèse en tous points. Autant l’auteur paraît étriqué, timide et mal dans sa peau, autant l’espion représente un parangon de virilité outrancière et de courage qui confine à l’inconscience et de séduction. Dans ce double-rôle, Jean-Paul Belmondo s’en donnait à cœur joie, à la fois écrivaillon un peu grisâtre et médiocre, mais aussi en espion flamboyant, séducteur et quasiment invincible, mais qui s’avère finalement peut-être moins sympathique que son auteur. François Merlin finit par se sentir prisonnier de ce personnage – il en est à la quarante-troisième histoire – et pourrait bien avoir envie de tout saboter.

Visuellement réussi, très enlevé en partie grâce à la partition de Claude Bolling et aux comédiens qui s’amusent apparemment beaucoup, Le Magnifique fait partie de ces quelques films parodiques qui ont fini par servir de modèles à d’autres comédies – on pensera notamment à la série des OSS 117 avec Jean Dujardin. Drôle et sanglant – le film offre quelques scènes de violence vite désamorcées par un esprit cartoon –, porté par son interprète principal, ainsi que par Jacqueline Bisset, Vittorio Caprioli, eux aussi dans des doubles compositions, Le Magnifique repose beaucoup sur l’autodérision des acteurs. La distribution est très bien complétée par des seconds rôles talentueux, comme Mario David, Monique Tarbès, Raymond Gérôme ou encore Jean Lefebvre ou Hubert Deschamps. 


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Ressortie en salle le 18 octobre 2023




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