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SOUTERRAIN

Maxime, la vingtaine, travaille dans la mine d’or d’une petite ville du Québec. Ici, tout le monde se connaît et tout le monde connaît la mine. A l’origine d’un drame qui a failli coûter la vie à Julien, son ami d’enfance, il est en proie aux doutes et à la culpabilité. Lorsqu’une violente explosion retentit sous terre, Maxime voit l’occasion de se racheter : il descend dans l’antre de la mine avec la ferme intention de ramener chacun de ses collègues et amis vivants…

 Critique du film 

Second long métrage de Sophie Dupuis, après Chien de garde et plusieurs courts métrages, Souterrain débute par une scène au fond de la mine qui nous plonge directement au cœur de son sujet. L’image est accompagnée d’une bande son oppressante et on se retrouve en pleine action après un incident filmé entre le drame intimiste et le documentaire. Puis un flash-back nous ramène deux mois auparavant afin de mieux comprendre les tenants et les aboutissants des réactions et sentiments de Maxime, personnage principal de l’histoire. 

Sophie Dupuis a porté ce film en elle pendant quinze ans et a rédigé plusieurs versions du scénario avant d’entamer un tournage qui a eu lieu en grande partie dans une vraie mine avec pour figurants de vrais mineurs. Ce souci de véracité et cette approche naturaliste, Sophie Dupuis l’a nourri en grandissant dans la région minière et industrielle du Val D’Or, au Québec, sa famille étant quasiment intégralement constituée de mineurs et sa mère étant l’infirmière de la mine. Cette attention portée aux détails reflète cette volonté de faire découvrir un métier mais aussi une communauté, soudée en dépit des tensions qui peuvent exister comme partout. Le thème des liens et de la famille avait déjà été traité dans son précédent film et Sophie Dupuis le considère comme essentiel. En effet, si les mineurs semblent passer leur temps libre à se chamailler, à se toiser et à échanger des blagues salaces, on sent bien qu’une profonde affection et qu’un respect mutuel les relie.

Outre ce thème de la famille qu’on se crée ou que le destin nous offre, Souterrain sonde aussi ceux de la culpabilité et de la virilité. La culpabilité, c’est celle de Maxime, responsable de l’accident qui a bouleversé la vie de Julien, son ami. Maxime cherche à lui changer les idées, à le faire sortir de chez lui. Il l’accompagne même lorsque Julien postule un emploi dans un fast food. Maxime semble également très préoccupé par sa virilité. Virilité qu’il confond d’ailleurs avec le fait que sa compagne ne tombe pas tout de suite enceinte – comme si c’était une faute de sa part, une défaillance. Et lorsqu’il cherche à faire sortir de ses gonds, Gaëtan, un mineur plus âgé qui a adopté une fille car il ne pouvait avoir d‘enfants, on sent derrière le manque de tact de Maxime plus de désarroi que de bêtise ou de méchanceté. 

Porté par une très belle interprétation de l’ensemble des comédiens, en particulier Joakim Robillard dans le rôle de Maxime et Théodore Pellerin (The O.A, Boy erased) dans le rôle délicat de Julien, Souterrain offre un regard tendre et bienveillant sur une communauté méconnue et fait partager leur quotidien et les drames inhérents à leur profession avec sensibilité. 

Bande-annonce

26 janvier 2022De Sophie Dupuis, avec Joakim RobillardThéodore PellerinJames Hyndman




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