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NE DIS RIEN

En vacances en Toscane, une famille danoise se lie d’amitié avec une famille néerlandaise, qui quelques mois plus tard les invite à passer un week-end chez eux. Mais ce séjour idyllique où se rencontrent la discrétion et l’extraversion va virer au cauchemar.

Critique du film

Sous le soleil toscan, une famille danoise profite de ses vacances bucoliques dans une belle villa de la campagne italienne, comme d’autres invités venus des quatre coins de l’Europe. La piscine fait le bonheur des enfants, la gastronomie est délectable, et la musique accompagne leurs rassemblements en soirée. Le cadre idyllique, en somme. Leur séjour prend une tournure encore plus chaleureuse lorsqu’ils rencontrent une famille néerlandaise et partagent quelques moments de convivialité.

Désireux de garder contact avec leurs nouvelles connaissances, les Hollandais (Patrick et Karin) invitent Bjørn et Louise à venir séjourner chez eux quelques jours l’été suivant. Tandis que le mari apprécie cette attention, son épouse émet quelques réserves quant au fait qu’ils ne se connaissent pas assez pour passer trois jours chez eux. Pourtant, poussés par l’opportunité de s’aérer, ils finissent par accepter. Ravis de les recevoir, leurs hôtes néerlandais se montrent très accueillants, exception faite de leur jeune garçon, peu loquace. L’alchimie semble opérer à nouveau et annoncer un week-end plaisant et champêtre en dépit de la réticence initiale de Louise.

The invitation

Mais la situation devient, comme elle le craignait, rapidement inconfortable. Malgré une bonne entente commune en Italie, c’est tout autre chose que de les fréquenter au quotidien et de découvrir leur extraversion. Ce pari audacieux se révèle encore plus fâcheux lorsque l’attitude de Patrick et Karin change. Les premiers malaises apparaissent, une phrase culottée par ci, une façon de faire par là. Et visiblement, un sens de l’inhibition qu’ils ne partagent pas. Comment prendre congé sans offenser leurs hôtes ? L’inconfort devient tel que le couple danois décide de partir plus tôt que prévu, sans prévenir. Malheureusement, leur départ anticipé est contrarié par un concours de circonstances et une première mise au clair a lieu.

speak no evil

Habilement, le réalisateur Christian Tafdrup instille l’inconfort et la tension chez le spectateur comme chez ses personnages, embourbés dans leurs choix et dans les convenances sociales. À l’image de The invitation de Karyn Kusama, les protagonistes sentent les cloisons de la bienséance et du malaise se resserrer sur eux jusqu’au point de rupture. Et si le couple local avait montré un visage bien différent de la réalité ? Que cache le silence de leur garçon, dont les parents disent qu’ils souffrent d’une anomalie de naissance ?

Proposé aux abonnés de Canal+ dans le cadre de leurs Premières exclusives, Ne dis rien est l’antithèse du film qui fait du bien et vers lequel on se tournerait spontanément à l’approche des fêtes. Au final, le thriller de Tafdrup a tout du guet-apens traditionnel qu’il est difficile d’esquiver et dont on ne sait plus très bien comment s’extirper. Entre le drame social réaliste et la tranche de terreur psychologique dont le tourment sadique ne manque pas de rappeler le cinéma de Michael Haneke, Ne dis rien flirte avec les codes pour proposer une horrifiante satire qui secouera vos soirées de fin d’année. 


9 décembre 2022 (Canal+Premières) – De Christian Tafdrup, avec Morten BurianSidsel Siem KochFedja Van Huet




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