MONOS
Critique du film
Réalisé par le brésilien Alejandro Landes, Monos raconte l’histoire de huit enfants soldats, qui, quelque part en Amérique latine, s’entraînent pour le compte de « l’Organisation ». Sous les ordres du Messager, ils sont chargés de surveiller la Doctora, une otage américaine, ainsi qu’une vache laitière.
Sublimement photographié, le film de Landes nous plonge dans un voyage au cœur des ténèbres, où ceux qui étaient les garants de l’innocence deviennent les tortionnaires de l’humanité. Les jeux sont alors consubstantiels de la violence, les relations sociales se font opérations de domination, et le dépassement de soi se fourvoie inexorablement dans l’aliénation.
Tout est dit dans les regards de ces adolescents, à la fois pétris de terreur enfantine et de détermination guerrière. Cet équilibre fragile est la clé empathique du film, car nous comprenons que ces jeunes gens n’ont jamais atteint le point de non-retour dans l’inhumanité. Et cela, quand bien même devront-ils subir encore en et encore la souffrance, physique et mentale, infligée par les ordres du Messager. Derrière les Bigfoot, Dog et Wolf, se cachent des enfants qui souffrent, et qui ne peuvent camoufler cette souffrance qu’au travers d’un divertissement mortifère. Un film aussi magnifique que bouleversant.
Bande-annonce
4 mars 2020 – Réalisé par Alejandro Landes, avec Julianne Nicholson