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MISSION: IMPOSSIBLE – DEAD RECKONING PARTIE 1

Dans Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1, Ethan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité entière. Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission – pas même la vie de ceux qu’il aime.

Critique du film


Dans les vastes cent soixante-trois minutes de long-métrage de Mission : Impossible – Dead Reckoning Partie 1 se trouve un versant métatextuel sur l’affrontement entre le numérique et l’analogique. En effet, Ethan Hunt, vétéran du contre-espionnage mondial au physique qu’on ne présente plus, se voit confronté à un adversaire friand du tout-numérique, intraçable aux yeux des caméras car aidé par une intelligence artificielle qu’il compte in fine contrôler.

Deux enjeux politiques contemporains s’affrontent au profit d’une théorie passionnante à première vue : le cinéma hollywoodien et ses nœuds dramaturgiques ne sont aujourd’hui que des données au sein d’un océan d’information plus grand où se mêlent politique et mise en réseaux. Le projet initial de ce MI7 aurait alors pu être de présenter Hunt comme « métadonnée » au carrefour de ces zones, piégée dans un engrenage méticuleusement acté (la narration du film) par une intelligence artificielle supérieure ayant pensé à tous les scenarii possibles pour qu’il échoue.

La scène de course-poursuite dans des rues en forme de couloir à Venise et les enjeux nucléaires globaux mis en place en introduction donnent à voir formellement la place majeure du célèbre agent secret sur l’échiquier international. A ce titre, le combat final du film tisse des liens solides avec cette approche, puisque Tom Cruise et son antagoniste s’affrontent sur un train lancé à toute vitesse. Si ce véhicule est donné comme métaphore évidente du cinéma depuis le Cinématographe des Lumière et sa ressemblance avec une pellicule, le fait que Hunt combatte au-dessus de lui le placerait comme une entité extérieure, à rebours du schéma narratif souhaité par l’intelligence artificielle qu’il affronte indirectement durant le film. En somme, il serait hors de la pellicule et donc des conceptions binaires de l’IA.

LE FILM DUPÉ

En dépit de ce dernier acte théoriquement vertigineux, ce premier chapitre de Dead Reckoning souffre de son appétence pour son regard dans le rétroviseur. L’angle analogique initié par le personnage joué par Tom Cruise invite hélas à reproduire des mécaniques et retournements déjà vus dans les précédents Mission : Impossible. De l’antagoniste proche de Hunt comme dans M:I-2 de John Woo à l’explosion du manichéisme dès l’opus de Brian de Palma sorti en 1996, MI7 s’oriente comme un menu maxi best-of assez fatigué, rompu à l’exercice et qui refait les mêmes séquences avec un acteur principal sexagénaire qui a de plus en plus de mal à figurer son élasticité corporelle. Comme le grand adversaire du film qui devine tous les coups à l’avance, le spectateur se retrouve malgré lui dénué de surprises quant aux diverses péripéties abracadabrantesques que le long-métrage préfigure à chaque fois.

Alors que MI7 aurait pu jouer de la paranoïa du tout-numérique (l’IA parviendrait à capter tous les faits et gestes de chaque personnage) et créer une forme de statisme littéral des actants effrayés à l’idée d’éveiller les soupçons, le réalisateur chevronné Christopher McQuarrie décide de conserver tous les éléments classiques de la formule Mission : Impossible en refaisant les mêmes systèmes d’infiltration et en tentant de conserver une dose de spectaculaire que Cruise parait souffrir à prolonger encore et encore. Il suffit de voir la scène de combat dans une rue exiguë de Venise entre Cruise et Pom Klementieff, découpée tellement rapidement qu’elle ne parait révéler que la fatigue et le manque de célérité de son protagoniste.

Cela est d’autant plus mis en valeur qu’une fois de plus, le film ne prend plus le temps d’organiser des missions de couverture ou de rapt en équipe, chacun faisant les choses de son côté dans un systématisme ennuyeux. Ce qui a trait au contemporain est complètement délaissé pour laisser place à un jeu de miroir cinématographique vieillot, mis en scène avec des effets des années 1990 surprenants de ringardise (les champs/contre-champs en très gros plans décadrés et en longues focales devraient être proscrits) et égaré dans des « set-pieces » d’action de moins en moins surprenants. Incapable de jouer sur les faux-rythmes et sur la transparence d’information narrative, le long-métrage avance presque en pilotage automatique vers un dénouement avare. En résulte un film qui donne la sensation d’avoir déjà été vu avant, compris trop tôt, et qui n’offre que très peu de plus-value positive au vu de son immense potentiel. En somme, le piège du film n’est autre que lui-même.

Bande-annonce

12 juillet 2023De Christopher McQuarrie, avec Tom Cruise, Hayley Atwell et Ving Rhames.